Israël ne disparaitra pas, les palestiniens non plus !

Israël ne disparaitra pas, les palestiniens non plus !

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Le résultat de notre éducation et de notre exposition massive aux médias panarabes fait que nous croyons en tant que marocain(e)s -et c’est valable aussi pour les peuples de la région- qu’Israël d’un côté est un Etat récent, fragile et susceptible de disparaitre et que la Palestine était un Etat souverain avant la « colonisation israélienne ».

Sans être ni néo-sioniste, ni panarabiste ou islamiste. Le fait est que d’un côté : Israël existe depuis 72 ans en tant qu’Etat indépendant reconnu par l’ONU et par la majorité des pays du monde sans reconnaissance des frontières contrôlées actuellement et sans reconnaissance de Jérusalem en tant que capitale, bien que ce soit le cas sur le terrain depuis 1967 et non depuis le déplacement de l’ambassade américaine en 2017, comme certains auraient tendance à croire.

De l’autre côté, le fait est que la Palestine est un Etat qui n’existe pas encore bien que la majorité des pays du monde à l’ONU veulent le voir naître. Etant donné que c’est une question qui passe par le conseil de sécurité, le VETO des Etats-Unis bloque cette reconnaissance.

Avant l’Israël d’aujourd’hui, il y avait la Syrie Ottomane qui englobait : la Syrie, le Liban, Israël, la Cisjordanie, la Bande de Gaza, la Jordanie et des parties de l’Irak et de la Turquie

Pour un rappel de l’histoire, avant l’Israël et les territoires palestiniens tels que définis aujourd’hui, il y avait la Palestine mandataire britannique, entité créée par la Grande-Bretagne notamment pour instaurer un foyer pour le Peuple Juif et exécuter la déclaration de Balfour. Mais avant cela, il y avait la Syrie Ottomane qui englobait : la Syrie, le Liban, Israël, la Cisjordanie, la Bande de Gaza, la Jordanie et des parties de l’Irak et de la Turquie. Ce territoire était divisé en Vilayets. Le nord d’Israël faisait partie de la Vilayet de Beyrouth, le centre de la Moutassarifat de Jérusalem et le sud de la Vilayet de Syrie.

Après la déclaration d’indépendance d’Israël, il y a eu plusieurs guerres souvent à l’initiative des arabes et souvent où les arabes ont perdu. Les Etats les plus impliqués étaient l’Egypte, la Syrie et la Jordanie. Et l’objectif de la guerre n’était pas la création d’un Etat Palestinien. La Jordanie souhaitait avoir un grand Etat incluant les territoires palestiniens et surtout Jérusalem pour redonner à la monarchie Hachémite -vaincue quelques années plutôt par les Al-Saoud- sa légitimité religieuse après avoir perdue la Mecque.

L’Egypte et la Syrie, connues pour leur hostilité aux monarchies ont soutenu les coups d’Etat militaires dans la région, notamment celui qui a mis fin à la monarchie hachémite en Irak, cousine de celle de la Jordanie et avec laquelle elle était unie dans le cadre de la Fédération Arabe d’Irak et de Jordanie.

L’Egypte et la Syrie voulaient créer une grande nation arabe avec une continuité de territoire. Les deux pays avaient même fusionner dans le cadre de la République Arabe Unie. Ce n’est qu’en 1974 lors du sommet de la Ligue Arabe à Rabat que l’OLP a été reconnu comme seul représentant des Palestiniens dans le but de créer un Etat Palestinien indépendant d’Israël, mais aussi de l’Egypte et de la Jordanie.

 

72 ans après le départ des britanniques. Israël existe et existera encore. Les Palestiniens existent et existeront encore.

Ces derniers pèsent démographiquement 50% si on fait la somme des Palestiniens vivant en Cisjordanie, à Gaza, à Jérusalem-Est, en Israël (appelés aussi les Arabes Israéliens). Soit 6.5 Millions d’habitants, et cela sans compter les réfugiés et leurs descendants en Jordanie, en Syrie, au Liban et ailleurs qui représentent quelques 5.5 Millions d’habitants.

Il n’y a pas de guerre aujourd’hui. Les Palestiniens ne risquent pas de disparaitre ou d’être déplacés. Nous sommes à la croisée des chemins entre une solution à deux Etats et une autre à un Etat. La première garantira à Israël un Etat où les Juifs auront une supériorité démographique, du moins pour quelques décennies. La deuxième devrait donner lieu soit à un Etat laïc où Juifs, Arabes Israéliens et Palestiniens auront les mêmes droits, soit à un Etat binational ou confessionnel qui pourrait ressembler à l’Afrique du Sud d’avant Mandela ou au Liban.

Bien qu’Israël soit une puissance mondiale, elle est démographiquement en position de faiblesse !

Cela pourrait surprendre, mais bien qu’Israël soit une puissance mondiale, dans ce conflit, elle est démographiquement en position de faiblesse ! A l’intérieur même d’Israël, les Arabes Israéliens qui s’identifient comme Palestiniens, pèsent 20%. La liste arabe unifiée, principale coalition partisane qui les représentent, est la troisième force politique du pays, son existence crée des crises politiques récurrentes en Israël.

C’est ce qui explique la panique de l’extrême droite religieuse israélienne et les grandes divergences sur l’avenir de l’Etat entre les différents acteurs politiques. L’annexion de chaque territoire par Israël, augmente de facto, la population palestinienne en son sein. Ce n’est pas possible d’annexer un territoire sans les habitants qui vivent dessus. D’ailleurs, pas étonnant qu’Ariel Sharon se soit retiré de la bande de Gaza, car un jour ou l’autre, il fallait accorder la citoyenneté israélienne aux palestiniens de Gaza, Hamas aurait pu même siéger à la Knesset, le parlement israélien !

En exemple, le Liban, État créé pour qu’il soit un foyer pour les Chrétiens n’est plus un pays à majorité chrétienne depuis des décennies

Il suffit de voir le Liban voisin, Etat créé pour qu’il soit un foyer pour les Chrétiens d’Orient avec une légère majorité démographique pour ces derniers par rapport aux Musulmans Chiites et Sunnites. Aujourd’hui les recensements démographiques dans ce pays sont interdits pour maintenir le système politique basé sur la confession. D’après les estimations, c’est les Musulmans Chiites qui sont majoritaires. Le Liban n’est plus un pays à majorité chrétienne depuis des décennies et le peuple manifeste de plus en plus contre le confessionalisme et pour la neutralité confessionnelle de l’Etat. Benjamin Netanyahu n’arrête pas de demander aux Palestiniens de reconnaître le caractère « Juif » d’Israël. In fine, même si les Palestiniens acceptent un jour de le reconnaître. Quelques années plus tard, c’est la démographie palestinienne qui l’emportera.

Il n’y a pas que des Arabes non juifs en Israël. Il y a aussi des « Arabes » Juifs originaires des pays de la région

Ceci en ce qui concerne les Palestiniens dans leur relation avec Israël. Maintenant en ce qui concerne les pays de la région, et toujours en ce référant à la fois à l’histoire et à la démographie. Il n’y a pas que des Arabes non juifs en Israël. Il y a aussi des « Arabes » Juifs. D’ailleurs, 50% des Juifs en Israël sont originaires des pays de la région. Les parents et grands-parents de ces derniers ont dû se réfugier en Israël et dans d’autres pays. Chaque guerre entre Israël et les pays arabes avaient des répercussions négatives sur eux, car Juifs. Ces persécutions pouvaient être à l’initiative de l’Etat ou d’une partie de la population, le plus souvent de la part de ceux qui épousaient le nationalisme panarabes en tant qu’idéologie. Avant la création de l’Etat d’Israël, il valait mieux vivre dans un pays en Afrique du Nord ou au Moyen Orient, que dans un pays européen.

D’ailleurs, beaucoup de Juifs Européens ont trouvé refuge dans ces pays pendant la Shoah. Cependant, et pour montrer du soutien aux Palestiniens, la majorité des pays arabes ont renié leurs citoyens de confession juive à l’exception par exemple du Maroc et de la Tunisie.

Aujourd’hui, hormis l’Egypte, la Jordanie et plus récemment les Emirats Arabes Unis. Aucun pays arabe n’a des relations bilatérales officielles avec l’Etat d’Israël, et dans le cas de l’Egypte, l’accord de paix avec Israël ne prévoyait aucune restitution de la nationalité égyptienne aux Juifs Egyptiens et leurs descendants chassés d’Egypte sous Gamal Abdel-Nasser.

Après 72 ans de boycott, il est temps pour les pays arabes de normaliser leurs relations et surtout de lancer un processus de réconciliation avec leurs propres Juifs. Et puis en quoi consiste le boycott de nos jours ? A refuser de saluer un athlète israélien lors d’une manifestation sportive internationale juste à cause de sa nationalité ? En quoi est-ce de sa faute ? En quoi est-ce que c’est juste ? Parfois, des exceptions sont faite quand il s’agit d’un Arabe Israélien. Le boycott n’a-t-il pas tendance à viser les Juifs en particulier ? Est-ce que les pays arabes ont un problème avec les Israéliens ou avec les Juifs ? Cette haine envers les Juifs -bien que moins violente que celle de l’Europe- n’existait pas-t-elle à travers l’histoire à des degrés différents dans les sociétés arabes ? Le boycott qui normalement devrait être temporaire et symbolique n’est-il pas aujourd’hui une légitimation de l’antisémitisme portée au début par le nationalisme panarabe plutôt de gauche et plus récemment par l’islamisme politique ?

Par Mehdi El Bayad- Acteur Associatif

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