Droits humains à vendre – la grande illusion humanitaire selon Younes Mjahed

Droits humains à vendre – la grande illusion humanitaire selon Younes Mjahed

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Najiba jalal/

Dans une tribune lucide et implacable, Younes Mjahed, figure de proue du journalisme marocain, lève le voile sur une dérive aussi ancienne que persistante : la marchandisation des droits humains. Intitulé « حقوق الإنسان المُدرّة للربح »(Les droits humains lucratifs), son texte dénonce une instrumentalisation devenue système, une hypocrisie érigée en doctrine diplomatique, où les principes universels cèdent la place à des intérêts idéologiques, géopolitiques et financiers.

Derrière la bannière des droits, l’ombre des calculs

À rebours des postures convenues, Mjahed rappelle une vérité dérangeante : la noble cause des droits humains est souvent accaparée par des acteurs qui ne croient ni en leur universalité, ni en leur portée éthique. Qu’ils soient militants en mal de reconnaissance, ONG en quête de financements ou États occidentaux usant de ce levier comme d’un outil de chantage, tous participent à une dégradation sourde mais méthodique du combat pour la dignité humaine.

À ses yeux, ce ne sont plus les principes qui guident l’engagement, mais la rentabilité. Et ce glissement n’est pas l’apanage des puissances étrangères : certaines voix marocaines, marginales et isolées dans leur propre pays, ont fait des droits humains un fond de commerce. Incapables de mobiliser en interne, elles cherchent refuge dans le giron des chancelleries, des fondations et des officines idéologiques étrangères, transformant ainsi la défense des libertés en projet sous-traité.

L’illusion de l’engagement, la réalité du parasitage

L’une des forces de la tribune de Mjahed est de rappeler que cette logique d’extraversion politique n’est pas nouvelle. Dès les années 1970, certaines franges de la gauche radicale, emprisonnées pour leurs positions extrémistes, préféraient solliciter l’intervention de François Mitterrand plutôt que celle des partis démocratiques marocains. Ce choix de la dépendance idéologique à l’étranger, au détriment d’une stratégie enracinée dans la société nationale, préfigurait déjà une tendance lourde : l’importation d’agendas extérieurs sous couvert de causes locales.

L’épisode marquant de la visite de Mitterrand en 1983, où des détenus ont voulu lui soumettre leur dossier en échange de prises de position hostiles à l’intégrité territoriale du Maroc, illustre à merveille cette mécanique. Ce n’était pas un plaidoyer pour la liberté : c’était un marchandage politique.

Danièle Mitterrand, ou l’arrogance des droits à géométrie variable

Mjahed raconte aussi une rencontre révélatrice avec Danièle Mitterrand, icône autoproclamée des droits humains, mais manifestement sélective dans ses indignations. Lors d’une visite à Paris en 1990, l’auteur découvre un « siège militant » qui ressemble davantage à un palais républicain, avec protocole d’apparat et faste ostentatoire. Là, il tente de confronter Mme Mitterrand à ses partis pris sur la question du Sahara. Pourquoi ce zèle pour les camps de Tindouf, et ce silence assourdissant sur la Palestine ? La réaction de la « militante des causes justes » : l’agacement, l’interruption de la rencontre, et un malaise palpable. Le masque tombe.

Ce moment de vérité suffit à Mjahed pour conclure : France Libertés n’est pas un contre-pouvoir, mais une extension douce de la politique de l’Élysée. Une leçon qu’il généralise : derrière nombre d’organisations prétendument indépendantes se cachent des agendas d’État.

Un système huilé… et rentable

Ce que décrit Mjahed, c’est une industrie parfaitement rodée. Des rapports « dénonciateurs » montés sur mesure, des campagnes internationales calibrées, des formations et séminaires grassement financés… Tout cela compose un écosystème qui ne prospère que dans la critique permanente des institutions nationales, à condition qu’elle serve un discours digeste pour les bailleurs.

Et parmi les clauses non écrites de cette rente militante : l’hostilité explicite au Maroc sur le dossier du Sahara. Ce n’est pas un hasard, mais un marqueur de fidélité idéologique, un sésame pour bénéficier des largesses des réseaux antinationaux.

Pour une souveraineté des droits humains

Loin de rejeter l’idée même de droits humains, Mjahed plaide pour leur réappropriation souveraine. Il ne s’agit pas de nier les défis, ni de couvrir les dysfonctionnements. Il s’agit, au contraire, de défendre un modèle enraciné, porté par les forces démocratiques marocaines, et non par des aventuriers de la dénonciation subventionnée.

En somme, cette tribune est plus qu’un cri d’alerte. C’est un plaidoyer pour que le combat des libertés cesse d’être un prétexte à l’ingérence, pour qu’il retrouve sa noblesse, sa rigueur, et surtout, sa légitimité populaire.

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