Le colonel espagnol Pedro Sánchez Erraz a appelé à maintenir des relations solides avec le Maroc, affirmant qu’il s’agit d’un allié incontournable face aux changements géopolitiques auxquels sont confrontés l’Espagne et l’Europe. Lors d’une intervention au sein du club « La Nueva España », le colonel a souligné que les mutations mondiales rendent nécessaire le renforcement de la coopération avec les pays voisins, en particulier avec le Maroc, qu’il a qualifié de partenaire stratégique essentiel.
Erraz, expert en questions de sécurité et de paix internationales, a évoqué les transformations du système mondial, soulignant que « la réalité s’impose » dans un contexte où l’ONU n’est plus qu’une tribune pour exprimer des revendications, et où l’idéalisme n’est plus le critère. Il a fait remarquer que la région du Sahara et du Sahel représente désormais un défi sécuritaire majeur, étant passée d’une zone marginale à un foyer d’insécurité croissante, rendant les frontières sud de l’Europe, y compris celles du Maroc, prioritaires.
Le colonel a expliqué que ces zones, où les communautés dépendent principalement de l’agriculture et de l’élevage, sont fragiles et susceptibles d’exploser en raison des conflits liés aux ressources. Il a prévenu qu’ « tout trouble dans la région pourrait se transformer en une crise humanitaire d’envergure ». Il a également insisté sur le fait que le vide géopolitique ne reste jamais inoccupé, soulignant que la Chine et la Turquie en profitent pour étendre leur influence en Afrique du Nord, ce qui oblige l’Espagne à adopter une politique proactive envers ses voisins du sud.
Les relations avec le Maroc, bien que reconnues comme importantes par plusieurs responsables espagnols, suscitent également des inquiétudes au sein de certains cercles politiques et militaires, notamment en ce qui concerne les villes de Ceuta et Melilla. L’ancien ambassadeur espagnol à Rabat, Jorge Dezcallar, a déclaré dans un entretien avec le journal « El Mundo » que le Maroc ne renoncera pas à sa demande de restitution des deux villes, tandis que le parti d’extrême droite Vox a mis en garde contre le « risque d’une nouvelle marée verte avec le soutien de Trump », évoquant un rapprochement potentiel entre le Maroc et une future administration américaine qui pourrait remodeler la dynamique régionale.