La reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur son Sahara démontre combien la paix et la stabilité du Maghreb, du Sahel ou du Moyen-Orient sont « stratégiques », a souligné, ce lundi M. Bernard Millet, ancien Secrétaire général adjoint des Nations Unies pour les opérations de maintien de la paix.
Dans une interview à la MAP, M. Millet a relevé que la décision américaine constitue à l’évidence un événement marquant dans l’histoire du conflit du Sahara qui s’éternise depuis des décennies, notant que le Conseil de Sécurité, frustré par l’impossibilité de voir se dessiner un quelconque consensus sur le plan initial, invite et encourage désormais les parties à rechercher un compromis politique sur une option réaliste et pratique.
« Telle était en fait une orientation envisagée par l’ancien Secrétaire d’Etat James Baker dans un rapport du Secrétaire Général (de l’Onu) en 2000, un statut d’autonomie apparaissant alors comme une option crédible et pragmatique », a-t-il rappelé, ajoutant que le Maroc a finalement présenté un plan articulé sur ce principe en avril 2007, qualifié de crédible et sérieux par le Conseil de Sécurité.
M. Millet a fait observer que cette idée avait également flotté dans l’air dès 1996 lors des négociations de Genève entre les parties, soulignant que la décision américaine reconnaissant la souveraineté pleine et entière du Maroc sur son Sahara peut s’inscrire dans cette évolution et démontre combien la paix et la stabilité du Maghreb, du Sahel ou du Moyen-Orient sont stratégiques.
Il a par ailleurs indiqué que le Maroc dispose d’atouts « réels » vis-à-vis des États Unis comme de l’Union européenne dont il est un partenaire essentiel pour affronter des défis fondamentaux tels que le contrôle des mouvements migratoires et la lutte contre le terrorisme, expliquant dans ce sens que le contexte géopolitique en Méditerranée devient de plus en plus complexe et conflictuel et il est essentiel de faire baisser les tensions qui perdurent où se font jour.
La stabilité de la Méditerranée en général, et de sa partie occidentale notamment importe beaucoup pour l’Europe et pour l’Otan, a-t-il insisté, estimant à cet égard que la réconciliation entre le Maroc et l’Algérie et une coopération confiante entre les pays du Maghreb sont essentielles pour assurer le bien-être et la prospérité des peuples de la région.
M. Millet a, en outre, relevé que la résolution de la question du Sahara « est sans nul doute un facteur clé pour y répondre et correspond à l’attente » du Conseil de Sécurité, soulignant que la décision des Etats Unis a sans doute créé un électrochoc sur le plan international.
Il convient maintenant, selon lui, d’observer comment les débats au sein du Conseil de Sécurité vont évoluer dans la mesure où ce sont les bases mêmes de l’accord initial sur lequel se fondent ses décisions jusqu’à ce jour qui viennent d’être ébranlées.
« En toute hypothèse, une période s’ouvre qui pourrait permettre de relancer le débat sur de nouvelles bases », a conclu l’ancien Secrétaire général adjoint des Nations Unies pour les opérations de maintien de la paix ( 1997-2000).