Amine Bendriouich en mode styliste décalé !

Amine Bendriouich en mode styliste décalé !

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Quand on ne le connaît pas de près, on peut le prendre pour un maximaliste.
Quand on le côtoie, il peut passer de  » l’indifferent à tout » pour atterrir, sans coup férir, dans l’habit de l’ennuyeux à mourir. Au bout de dix minutes d’échange, Amine Bendriouich devient Bendriouich Amine. Sérieux sans ennuyer. Léger, sans vouloir amuser la galerie. Lui-même sous différentes facettes.

Amine fait un peu de tout. Un tout on s’entrecroisent le styliste, le directeur artistique, l’artisan, le DJ. « Je fais tout ce que me dicte mon état d’esprit », résume le natif de la ville ocre (1986). Mais, c’est surtout dans les deux premiers « statuts » où il se retrouve le plus, nuance-t-il.

Son rapport avec le modélisme-stylisme remonte à son adolescence.

En effet, Bendriouich n’appréciait pas ce que ses parents lui achetaient comme vêtements. Du coup, il « créait » lui-même ses propres habits. De la même manière qu’il s’évertuait à « dessiner » des habits pour les filles qu’il tentait d’impressionner. Sur le ton de la rigolade, il précise :  » Ça n’a jamais marché certes, mais les tentatives m’inspiraient ! C’était déjà ça de gagné ».

Toujours est-il que son talent naissant avait besoin d’être enrichi par une formation académique.

Son Bac scientifique en poche, il tente une inscription dans un institut en France. Pas de chance, on lui signifia le rejet du visa.

Amine n’en démord pas. Il ira en Tunisie où il « enjambe » trois années de formation dans une école bien cotée. Major de sa promotion, il décroche son diplôme en stylisme modélisme. Toujours assoiffé d’apprendre davantage, il met le cap sur l’Allemagne.

Le voilà de retour au pays. En 2007, il intègre une unité de production de jeans à Casablanca où il se sent à l’étroit.

Dans la foulée, avec des amis, Amine lance les T-shirts qui avaient fait grand bruit: « Hmar o bikhir ». On se souvient encore des vagues créées à l’époque, entre ceux qui avaient apprécié et ceux qui fustigeaient le « concept ».

Aujourd’hui, Amine estime que le plus important était que « ce n’est pas passé inaperçu ».
Et d’ajouter: « A l’époque, c’était une réaction par rapport à des codes d’une société teinte d’un certain conservatisme ».
Surtout, se rappelle-t-il, que quand il disait qu’il était créateur de mode, on l’apostrophait : « Tu fais des caftans ! ». Cela l’énervait tellement qu’il avait « divorcé » avec les habits traditionnels. Il opte alors pour une approche moderniste, au pied de la « provocation ».

Bien évidemment, sa touche n’est pas passée sans induire des attaques de certaines voix auto-érigées en protectrices du temple de la « tradition estampillée du sceau de l’Authentique sacralisé ».

Amine tourne son regard et s’en va sur le chemin de la création. Dans la foulée, il procédera (2012) au lancement de sa propre marque: AB CB (Amine Bendriouich Couture
& Bullshit). Une collection qui lui a valu bien des éloges de par ses caractéristiques excentriques et non moins révélatrices d’une « tonalité » qui est la sienne. La signature d’un modéliste qui tout en bannissant les frontières repousse les siennes. Qui tout en puisant dans la tradition s’inscrit en rupture avec sa reproduction.

Au cours de son parcours, on retrouvera aussi un « moment d’une grande intensité » pour cet artiste. J’ai nommé, l’événement qu’avait abrité le Technopark de Casablanca : Contemporary Moroccan Roots. Un « événement artistique hybride » où mode et musique se sont mariées pour le meilleur et pour le plaisir. C’était en 2008.
Une « Performance », pour reprendre le mot que chérit particulièrement l’artiste.

Les syntagmes se suivent, le paradigme d’Amine prend de plus en plus forme. Avec plusieurs lauriers au tableau dont: lauréat du prix Créateurope (2009), Best Menswear Designer Award (Lagos 2012), une présence remarquée lors de la 10ème édition du Fashion Forward (Dubai 2017) et la même année lauréat au prix The OpenMyMed de la Maison méditerranéenne des métiers de la mode. La liste n’est pas exhaustive.

Celui qui a été cité parmi les 100 créatifs les plus influents par le Magazine Vogue en 2018, qui plus est a habillé plusieurs stars, garde la tête sur les épaules.
De son atelier basé à Marrakech, Amine Bendriouich, qui adore Salvador Dali (sa moustache guidon le montre de manière ostentatoire) travaille sur une nouvelle sortie. De belles surprises en vue !

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