Said Chakri, explique les causes et les répercussions des températures records enregistrées au niveau mondial et passe en revue les scénarios attendus ainsi que les solutions préconisées pour limiter le réchauffement climatique
1- Pourquoi 2020 est l’année la plus chaude au Maroc?
Tout d’abord, il convient de noter que la question n’est pas seulement liée au Maroc. 2020 est considérée comme l’année la plus chaude au monde. Cette hausse sans précédent résulte des changements climatiques dont la Terre a été témoin au cours des vingt dernières années et de la forte augmentation des gaz à effet de serre (GES). S’ajoute aussi la hausse des émissions de dioxyde de carbone et de méthane, qui sont des gaz stables, ce qui signifie qu’ ils restent pendant des années dans l’atmosphère. Par conséquent, l’année 2020 n’est pas considérée la plus chaude à cause de l’augmentation des GES. Cela est plutôt dû aux accumulations des dernières années, principalement causées par des activités humaines nuisibles à l’environnement.
La preuve en est que l’année écoulée a été la plus chaude, même si elle a enregistré une diminution significative des émissions de dioxyde de carbone (CO2), en raison du ralentissement de l’activité économique et humaine dû à la crise de Covid-19.
2- Quels sont les scénarios prévus pour les températures dans les années à venir?
Comme déjà mentionné, l’année 2020 a connu une baisse record des émissions de CO2, en raison du ralentissement des activités économiques et humaines, imposé au monde par la crise sanitaire du nouveau coronavirus. Bien sûr, cette baise ne peut avoir de résultat immédiat et ne peut pas effacer des années de cumul d’activités économiques et humaines ayant endommagé l’atmosphère. Mais si les émissions continuent de diminuer dans les années à venir, on peut enregistrer une amélioration relative des températures mondiales, à l’horizon des dix ou quinze prochaines années.
Cependant, si des mesures pratiques, décisives et immédiates ne sont pas prises, le monde pourrait connaître des années plus chaudes et continuerait à enregistrer des températures records. Bien sûr, les répercussions seront très désastreuses, d’autant plus que l’on sait que la température est un facteur déterminant pour de nombreux organismes vivants de la faune et la flore. C’est aussi un facteur déterminant pour l’atmosphère et la nature, notamment en ce qui concerne le dégel, puisque toute hausse des températures aura des conséquences désastreuses sur la Terre et par conséquent sur l’humain. 3- Quelle est la solution, selon vous?
La principale solution réside actuellement dans l’engagement à atteindre les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat, qui oblige les pays, en particulier ceux qui émettent une grande partie des émissions de GES, à œuvrer pour réduire ces émissions d’ici 2030, afin d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Cela signifie que la quantité d’émissions de GES est inférieure ou égale à ce qui est absorbé par l’atmosphère, étant donné que le plus grand défi est de maintenir la température en dessous de 2°C et de la réduire à 1,5°C d’ici 2100 .
Peut-être que le sommet virtuel de Biden sur le climat, organisé récemment et qui a marqué le retour des États-Unis d’Amérique dans l’Accord de Paris sur le climat, et l’engagement d’un nombre de pays émettant d’importantes émissions à les réduire constituent une lueur d’espoir vers l’atteinte des objectifs de cet Accord.
Propos recueillis par Rabiâ SALHANE/MAP