« Communiqué du CFCM en Réponse à l’Annonce de l’Interdiction de la « Abaya » à l’École : Défense des Principes de Laïcité, Égalité et Non-Discrimination »

« Communiqué du CFCM en Réponse à l’Annonce de l’Interdiction de la « Abaya » à l’École : Défense des Principes de Laïcité, Égalité et Non-Discrimination »

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Express tv:

Suite à l’annonce du ministre de l’Education Nationale, M. Gabriel Attal, sur son intention d’interdire le port de la « abaya » à l’école, le CFCM a été sollicité par certains médias pour exprimer sa position.
Le CFCM a déjà exprimé, dans son communiqué du 11 juin 2023, sa position au sujet de ce vêtement qualifié à tort par certains de religieux musulman.
Le CFCM rappelle en premier lieu que l’école est un sanctuaire de savoir et de connaissance et non un lieu de prosélytisme de quelque nature que ce soit.
Il réaffirme que la pratique religieuse, quelle qu’elle soit, n’est pas un produit d’exposition ou un objet de publicité, ni un étendard ou un slogan de manifestations. Elle doit amener celui ou celle qui la pratique à une forme de sérénité et de paix intérieure loin de toute forme d’ostentation.

Le CFCM qui n’a pas vocation à défendre le port d’un vêtement en particulier, a le devoir impératif de réfuter tout lien erroné entre le port d’un vêtement et la pratique religieuse musulmane. Il a également le devoir de lutter contre toute forme de discrimination dirigée notamment contre une personne en raison de son adhésion ou réelle ou supposée à la religion musulmane.

C’est pourquoi, il réaffirme donc, conformément à son communiqué du 11 juin 2023 que la « abaya » n’est pas un vêtement religieux. Aucun texte référentiel de l’islam n’évoque une quelconque « abaya ».

Au nom de la Laïcité et du principe de séparation des Religions et de l’Etat, le CFCM conteste à fortiori qu’une autorité laïque puisse définir ce qui serait ou non religieux à la place des instances religieuses d’un culte, quel qu’il soit.

Bien que pour le CFCM, ce vêtement n’est pas religieux, il est sollicité à juste titre pour intervenir sur cette question car les risques de stigmatisation et de discrimination pour les jeunes filles « présumées musulmanes » sont très élevés.

En effet, force est de constater :

– Qu’il n’existe nulle part de définition claire et de critères objectifs de la « abaya » : Ce terme d’origine arabe renvoie uniquement à une robe longue ou manteau qui peuvent prendre des formes diverses et variées.

– Que certaines jeunes filles font parfois le choix de porter des robes longues à l’école, et que parmi celles-ci pourraient figurer des jeunes filles musulmanes, comme d’autres non musulmanes.

Le CFCM craint donc qu’en l’absence de vraie définition, la « abaya » ne soit définie non pas en fonction de critères objectifs (qui n’existent pas) mais d’une manière purement arbitraire, en fonction du « PROFIL » des filles et des femmes qui la portent, de leur origine et de leur religiositésupposées, ce qui serait un précédent extrêmement grave, dangereux et discriminatoire.

À moins d’interdire purement et simplement le port de toute robe longue à l’école et par tous, élèves et professeurs compris, quelle que soit leur appartenance ou non à une religieuse, il sera impossible d’appliquer une mesure visant spécifiquement la « abaya » sans tomber dans les travers de la discrimination et de l’arbitraire.

Le CFCM appelle au vivre ensemble dans le plus profond respect des valeurs de la République parmi lesquelles l’égalité de traitement, et appelle au pur respect de la Laïcité. La loi de mars 2004 qui règlemente le port des signes religieux dans les écoles doit être respectée. En même temps, elle ne doit pas être détournée de son objectif pour donner lieu à une police du vêtement contraire à la lettre de la loi 1905 et à son esprit tel que rappelé par son rapporteur, Aristide Briand. La réponse de ce dernier au député Chabert sur le projet d’interdiction de la soutane dans l’espace public, le 26 juin 1905, prend aujourd’hui tout son sens.

Paris, le 28 août 2023
Le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM)

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