L’émission Décryptage du dimanche matin est devenue un véritable rendez-vous citoyen. Nul besoin d’être un « politologue » pour pouvoir discuter. Face au « monologue gouvernemental », l’émission, diffusée sur MFM Radio, donne l’exemple d’une communication critique, constructive, et responsable.
Les chansons passées au cours de l’émission Décryptage ne sont pas fortuites. C’est le cas, ce dimanche matin du 21 avril, avec le chant mobilisateur d’Ismaël Ahmed et les paroles de Hammadi Tounsi, au début des années 1960, années marquées notamment par la « guerre des sables », une plaie qui s’est mal cicatrisée et a laissé beaucoup de séquelles entre le Maroc et l’Algérie. La situation va s’aggraver lorsque le Maroc aura légitimement récupéré ses provinces du Sud, suite à la Marche Verte.
Depuis plus de 50 ans, l’Algérie n’a pas cessé de développer une attitude négative vis-à-vis de son voisin de l’ouest, au moment où le Royaume du Maroc lui a constamment tendu la main pour construire des relations de paix et faire face aux vrais défis, ceux relatifs à un développement pour l’ensemble des Etats et des peuples du Maghreb. Dernier évènement rocambolesque, le blocage de l’équipe de la Renaissance de Berkane à l’aéroport d’Alger, par les autorités algériennes, au prétexte d’un maillot portant la carte intégrale du Royaume du Maroc, faisant ainsi fi des règles prévues par la réglementation de la CAF, notamment les dispositions de l’article 4. C’est là un acte illustrant parfaitement l’absurde d’Albert Camus, ce français né en Algérie qui s’est toujours senti « étranger » dans un pays où il n’a pas choisi de naitre.
Il y a quelques mois, l’un des petits fils de Mandela a été vu et entendu proférer des insultes à l’encontre de la nation marocaine, en fait piétinant sans se rendre compte la mémoire de son grand-père Nelson, que l’ensemble des marocains ont admiré et admirent toujours pour son courage et son abnégation, en tant que symbole qui a mis fin à l’apartheid en Afrique du Sud. « Le repos des sages est dans le chemin qui mène à la vérité ».
Il suffit d’ouvrir les yeux sur tous les conflits armés dans le monde, anciens ou en cours. Comme toujours, Il n’y a jamais eu ni vainqueurs ni vaincus. Les vendeurs d’armes, comme des charognards, sont aux aguets, prêts à vendre leurs marchandises mortelles et à voir le sang couler. Ce qui unit les deux peuples Algérien et Marocain dépasse de loin ce qui les divise. La logique d’un Etat militaire dans l’impasse est bien connue. Les deux peuples sont suffisamment immunisés contre le piège du chauvinisme. Après avoir évoqué ce « marathon politique » qui dure depuis plus de 60 ans entre les deux principaux Etats de l’Afrique du Nord et où seule la sagesse diplomatique réciproque peut être source de solutions pacifiques, définitives et irréversibles, la transition vers d’autres thèmes chauds de l’actualité sera faite en évoquant le « marathon », cette fois-ci au sens propre du terme, organisé annuellement à Rabat.
Un bel évènement dans la capitale du Royaume, avec cependant un déficit sur le plan organisationnel qui impacte négativement la circulation des gens. Il s’agit surtout d’un manque de communication, comme ont tenu à le souligner l’ensemble des membres de l’équipe de l’émission Décryptage qui, eux-mêmes, ont trouvé beaucoup de difficultés ce matin pour rejoindre les locaux où se déroule l’émission.
Le thème suivant a été consacré à l’international, plus exactement à l’Iran, où s’est constitué un « Etat dans l’Etat », une des principales dérives de la révolution iranienne. En fait, c’est un thème lié au premier, dans la mesure où il est toujours question de menace à la sécurité et à l’intégrité territoriale du Royaume. La principale conclusion intelligemment et sagement exprimée par A. Erromani est relative à deux dangers qui menacent tout Etat démocratique ou qui aspire construire une démocratie. C’est le cas lorsque l’armée s’empare du pouvoir par la force et gouverne par la force et le cas où des religieux, prétendant détenir la vérité absolue, manipulent la population et consacrent le fanatisme dans les rapports sociaux. Pour éviter ces deux situations dangereuses, il n’y a pas d’autre voie que celle de la démocratie effective et de la justice sociale.
Au niveau national, les impacts profonds de la sécheresse sont de plus en plus apparents dans la plupart des régions, aussi bien dans la nature où le vert se fait rare, qu’à travers les prix des produits alimentaires. Une réalité qui crève les yeux et qui interpelle fortement les politiques agricoles engagées depuis plusieurs années quant aux résultats sur les conditions de vie des populations, surtout dans le monde rural. Mohamed Guertili en sait quelques choses. Il côtoie quotidiennement les gens de la campagne. Dans les villes, les produits agricoles de large consommation (oignon, pomme de terre, tomate…), sans parler des fruits, sont de plus en plus chers. La viande rouge a dépassé le seuil de 120 DH le kilo.
M. Guertili rappelle l’une des principales orientations du Souverain : créer des conditions favorables à l’émergence d’une classe moyenne. Une orientation qui semble totalement oubliée par le gouvernement actuel dans son dernier bilan exposé. Face à la sécheresse récurrente et à l’aggravation du stress hydrique devenu chronique, il est urgent de procéder à un état des lieux pour prendre les bonnes décisions et agir avec pertinence. M. Guertili rappelle les possibilités qu’offre la redistribution des terres agricoles récupérées à des jeunes ruraux qualifiés, sur la base de projets financés par le Crédit Agricole.
Actuellement, le mode de gouvernance de cette réserve foncière et de financement bancaire est caractérisé par un haut niveau d’opacité. Les ressources hydriques bien que rares continuent à être utilisées pour l’irrigation de cultures aquavores destinées à l’exportation. Le taux de remplissage des barrages n’atteint pas le tiers, et pourtant d’autres grands barrages sont en cours de construction. Face à l’importance des risques de plus en plus probables, l’assurance agricole semble reculer.
Et la « fête du mouton » s’approche de plus en plus. Les spéculateurs « aiguisent leurs couteaux ». La porte a été officiellement ouverte pour l’importation des moutons avec une subvention de 500 dh par tête. Deux listes de bénéficiaires ont été publiées. Même des parlementaires figurent dans ces listes, directement ou à travers des personnes morales. 300 000 moutons ont déjà franchi la frontière, avec la perspective de dépasser 600 000 têtes. Ce qui représente une subvention publique de plus de 300 millions de dirhams, profitant aux spéculateurs, avec une aggravation du déficit de la balance commerciale. C’est là une aide qui aurait dû être versée directement aux ménages qui souffrent le plus de la sécheresse et qui risquent de quitter la campagne pour se diriger vers les villes.
Un cercle vicieux risque à nouveau de s’installer, en voyant émerger de nouveaux bidonvilles. Car l’absence d’activités économiques dans les villes ne va pas permettre l’accueil et l’intégration des nouveaux flux de la population rurale. La retraite a été le dernier thème abordé par l’émission à l’image des pouvoirs publics et de l’ensemble de la société qui semblent avoir oublié la population âgée. Comme si cette tranche de la population était déjà dans « l’antichambre de la mort ». Une population qui a certainement donné ce qu’elle a de meilleur, qui a fait preuve de patience et de patriotisme, et qui se trouve aujourd’hui au bas de l’échelle des priorités sociales. Et lorsqu’un retraité tire sa révérence, son épouse, veuve, « encore un peu vivante », a droit à 50% de la retraite de son mari. Dans la réalité, plus de 80% des personnes âgées ne disposent pas de pension de retraite et vivent grâce à l’aide de leurs enfants, en mendiant, ou en exerçant des activités précaires telles que le gardiennage. Parmi les bénéficiaires de retraites, 90% disposent d’une pension dont le montant net est inférieur au seuil imposable (2500 dh par mois).
Par ailleurs, au cours de la vie active, les cotisations salariales sont déduites de la base pour le calcul du montant net imposable. Il n’y a donc nullement double imposition, comme le prétendent certains. Par contre, la vraie question à soulever concerne le mode de gouvernance des caisses de retraite, pendant longtemps gérées comme des « Tonneaux de Danaïdes ». En tant qu’épargne publique, les cotisations des travailleurs doivent être gérées de manière transparente, efficiente et responsable. C’est cette voie qui devrait permettre d’évoluer vers des solutions structurelles et durables.