Par : Maria Amrani
Dans un article percutant publié dans le quotidien arabe Assabah, Younes Mjahed, président de la « Commission provisoire de la presse et de l’édition », critique vigoureusement l’évolution de l’Association Marocaine des Droits de l’Homme (AMDH), qu’il considère désormais comme un instrument au service d’agendas politiques. Il retrace l’histoire de l’AMDH, fondée en 1979 par des militants proches de l’Union Socialiste des Forces Populaires, et met en lumière son détournement progressif par des partis comme le Parti du Progrès et du Socialisme et le Parti de annahj.
Mjahed déplore que l’AMDH, autrefois porte-voix de la défense des droits humains, soit devenue une tribune pour des projets politiques partisans, dénaturant ainsi les principes fondateurs de l’organisation. Il dénonce l’adoption par l’association d’une ligne politique en faveur du séparatisme concernant le Sahara marocain, ce qui, selon lui, trahit l’essence du combat pour les droits humains, qui devrait rester neutre et objectif. « Il est inconcevable qu’une organisation des droits humains adopte des positions politiques aussi éloignées des valeurs qui l’ont fondée », précise-t-il.
L’article de Mjahed soulève également l’hypocrisie de l’AMDH concernant le traitement des violations des droits humains. Tandis qu’elle s’indigne face aux actions des autorités marocaines, elle garde un silence gêné face aux exactions du Front Polisario contre les rapatriés des camps de Tindouf. « Comment une organisation des droits humains peut-elle ignorer les crimes du Polisario tout en condamnant systématiquement toute action des autorités marocaines ? » interroge-t-il.
Le critique va plus loin en évoquant la position de l’AMDH lors des événements d’ »Agdem Izik », où l’association a pris fait pour les accusés tout en occultant les victimes. Un autre exemple flagrant de la politisation de l’organisation, selon Mjahed, qui conclut en appelant à un retour aux principes fondamentaux des droits humains, à savoir la neutralité, l’objectivité et la défense authentique des droits des citoyens, sans se laisser influencer par des considérations partisanes.
Dans un dernier appel à la réforme, Mjahed exhorte à restaurer la crédibilité du travail des droits humains au Maroc, insistant sur la nécessité de séparer les luttes politiques des actions de défense des droits fondamentaux. « Les droits humains doivent redevenir une cause juste, défendue par des institutions impartiales et indépendantes », conclut-il.