Najiba Jalal /
Sur YouTube, entre gesticulations et indignations calculées, Hamid Mehdaoui alimente son personnage de journaliste persécuté, un résistant autoproclamé face à un système qu’il décrit comme oppressif et corrompu. Mais derrière cette posture se cache une stratégie méthodique où la victimisation devient une arme pour délégitimer les institutions et saper toute forme d’autorité journalistique.
Sa cible du moment est le Conseil National de la Presse, qu’il accuse d’être un instrument du gouvernement destiné à acheter le silence des journalistes par des financements publics. L’objectif est clair : instiller le doute, semer la suspicion, faire de toute aide institutionnelle une corruption présumée. Ce procédé ne vise ni la vérité ni une réforme du secteur, mais cherche à disqualifier l’ensemble du paysage médiatique pour se positionner comme l’unique voix crédible.
Mehdaoui n’agit pas seul. Il évolue dans un écosystème où se croisent populisme médiatique, militantisme opportuniste et calculs politiciens. La méthode est bien rodée : attaquer systématiquement toute instance de régulation, réduire le débat à une opposition binaire entre complices du pouvoir et résistants autoproclamés, occuper bruyamment l’espace médiatique pour imposer une lecture simpliste et biaisée des faits.
Il ne s’agit pas d’un combat pour la liberté d’expression, mais d’une entreprise de démolition où tout ce qui encadre l’information doit être discrédité. La presse organisée est assimilée à un appareil de propagande, les journalistes qui ne partagent pas cette rhétorique du chaos sont désignés comme des mercenaires, et toute tentative de structuration du métier est assimilée à une mainmise du pouvoir. Peu importe que la réalité contredise ces affirmations, l’essentiel est de créer un climat de défiance permanente où les faits n’ont plus aucune prise sur l’opinion.
Là où le journalisme exige rigueur et nuance, Mehdaoui et ses semblables prospèrent dans l’exagération et la caricature. Ils ne critiquent pas pour améliorer, mais pour affaiblir. Ils ne dénoncent pas pour éclairer, mais pour semer la confusion. Leur objectif n’est pas d’informer mais de transformer la presse en champ de bataille où seules les postures extrêmes trouvent un écho.
Cette dérive dépasse le simple cadre du journalisme. En sapant la confiance du public dans les médias, ils fragilisent l’un des derniers remparts contre la désinformation et la manipulation de masse. Leur agitation permanente ne nuit pas seulement aux journalistes, mais à toute la société, qui finit par évoluer dans un climat de suspicion généralisée où le doute devient une arme politique et la vérité un concept malléable.