Rédaction
L’humanité évolue, et avec elle, le crime se réinvente. Aux méthodes archaïques de l’escroquerie classique succèdent des stratégies plus raffinées, où la manipulation du droit et la subversion des institutions deviennent des instruments de prédation. La dernière offensive contre Express TV en est une illustration frappante : un individu, détenteur d’une carte de presse, a déposé en toute opportunité le nom du journal en tant que marque auprès de l’Office marocain de la propriété industrielle et commerciale, avant d’exiger une compensation financière pour « exploitation de marque ».
Sous couvert de légalité, cette manœuvre ne relève ni du hasard ni d’un simple contentieux commercial. Il s’agit d’une entreprise de spoliation, méthodiquement pensée et exécutée avec une froideur calculée. L’instigateur de cette fraude n’est pas un inconnu : il traîne un passif judiciaire lourd, marqué par des condamnations pour usurpation de fonction judiciaire, ainsi que par des poursuites pour diffamation. Son modus operandi est rodé : multiplier les plaintes et les actions en justice pour extorquer de l’argent, exploitant les failles du système avec la virtuosité d’un maître-chanteur des temps modernes.
Mais ce coup de force ne vise pas uniquement Express TV : il s’inscrit dans une stratégie plus large de harcèlement judiciaire et médiatique, orchestrée pour museler la presse indépendante. La directrice de publication, Najiba Jalal, est la cible désignée d’une série d’attaques concertées, dont le calendrier trahit une intention claire : l’épuiser juridiquement, la contraindre à la défensive, et in fine, briser la ligne éditoriale du journal.
Or, Express TV n’est pas une coquille vide que l’on peut revendiquer comme un simple bien commercial. Le journal, en conformité avec la loi depuis 2020, dispose d’un dossier transparent auprès du parquet de Casablanca, et ses journalistes détiennent des cartes professionnelles en bonne et due forme. Celui qui feint d’ignorer ces évidences ne peut être qu’un mercenaire de la manipulation judiciaire, engagé dans une mission où le droit n’est plus qu’un prétexte, un alibi cynique pour justifier l’injustifiable.
Cette affaire dépasse le cadre d’une simple tentative d’extorsion. Elle pose une question fondamentale : jusqu’où peut-on détourner les outils du droit pour en faire des armes d’agression ? Si de telles pratiques venaient à se normaliser, alors la presse nationale serait livrée aux aventuriers de la fraude, aux professionnels du chantage, et à tous ceux qui rêvent de transformer les médias en un marché de la prédation.
Mais Express TV ne courbera pas l’échine. La réponse sera à la hauteur de l’attaque : une bataille juridique rigoureuse, une exposition publique des méthodes employées, et une détermination sans faille à défendre l’intégrité du métier. Car derrière cette affaire, il y a un enjeu bien plus grand : celui de la liberté de la presse face aux nouvelles formes de criminalité intellectuelle, où l’extorsion ne se fait plus à main armée, mais à coups de procédures détournées et de manipulations judiciaires.
L’ère moderne a ses bandits, mais elle a aussi ses résistants. Et Express TV restera debout.