Benkirane au Congrès de la justice et du développement : Un discours de cicatrices et un retour vers le passé.

Benkirane au Congrès de la justice et du développement : Un discours de cicatrices et un retour vers le passé.

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Benkirane lors du Congrès du PJD : Discours de la douleur et fuite vers le passé

À Bouznika, où se sont réunis les derniers partisans du Parti Justice et Développement (PJD) autour du slogan « Lutte pour la crédibilité du choix démocratique et la dignité du citoyen », il est devenu évident que le parti mène sa bataille la plus difficile : la bataille de la survie. Le discours d’Abdelilah Benkirane, enveloppé d’une chaleur émotionnelle et d’une amertume face à la défaite, a révélé que le parti est encore prisonnier d’une période de douleur plus qu’il ne semble prêt à ouvrir en toute audace un nouveau chapitre. En ces temps où les cartes politiques ont changé et où la confiance du peuple a vacillé, Benkirane a continué à parler le langage du passé, misant sur la nostalgie tout en repoussant la réponse à la question la plus pressante : et après ?

Dans la salle du complexe Moulay Rachid pour la jeunesse et l’enfance à Bouznika, Benkirane a lancé son discours incendiaire à l’ouverture du neuvième congrès national du parti, passant en revue un long parcours de luttes et d’épreuves, et affirmant que le PJD n’abandonnera jamais son message, peu importe à quel point les tempêtes se déchaînent.

Son discours, qui a enflammé les émotions des présents, semblait plus être un processus de réhabilitation de l’esprit partisan qu’une présentation d’une nouvelle vision politique. Benkirane s’est appuyé sur des souvenirs de souffrance et de victoire, soulignant que le parti continuera à défendre la démocratie, la justice sociale et la dignité nationale, peu importe le coût.

Néanmoins, le discours répétitif sur les blessures et les conspirations politiques qui ont affaibli le parti n’a pas masqué le manque de réponses profondes concernant les raisons de la rupture avec de larges secteurs de l’électorat. La mention des dernières élections comme une « étape difficile » sans une critique audacieuse de la performance gouvernementale précédente ressemblait davantage à une tentative de vendre la victimisation qu’à une réévaluation politique responsable.

Benkirane a réaffirmé l’attachement du parti à ses principes traditionnels, notamment le respect de la monarchie et de la Constitution, et a appelé ses militants à se recentrer sur les préoccupations des citoyens, considérant que la victoire commence dans la rue. Pourtant, cet appel, malgré sa sincérité apparente, semblait tardif, tant le parti semblait vouloir retrouver une époque révolue sans reconnaître que la réalité politique et sociale a considérablement changé.

Au milieu des acclamations et des cris de soutien, Benkirane a terminé son propos par un appel touchant : « Nous ne sommes pas de ceux qui fuient à la première tempête… Nous sommes les fils de ce peuple, et nous porterons ses préoccupations dans nos cœurs jusqu’au dernier souffle ! »

Cependant, un discours émotionnel, aussi sincère et ardent soit-il, ne suffit plus à convaincre un public tiraillé par des promesses non tenues et des échecs répétitifs. Le pari de « revenir vers les gens » peut sembler noble en apparence, mais il soulève une question douloureuse : où était le parti quand ces préoccupations s’accumulaient et se transformaient en désillusions ?

Le Congrès de Bouznika a montré que le PJD possède une mémoire puissante de ses blessures, mais il n’a pas fourni de vision claire sur la manière de les surmonter. S’en tenir à des fondements est louable, mais sans une autocritique franche et une compréhension des leçons du passé, la tempête restera plus forte que le navire, peu importe la solidité du capitaine.

Aujourd’hui, les citoyens n’attendent pas des discours de résistance, mais des politiques efficaces traduites en réalités tangibles. Le véritable défi auquel le parti est confronté est de convaincre la rue qu’il peut être plus qu’un simple témoin attristé de son déclin.

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