Briefing de De Mistura : une opportunité diplomatique pour le Maroc… mais la prudence est de mise

Briefing de De Mistura : une opportunité diplomatique pour le Maroc… mais la prudence est de mise

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Le 14 avril, le représentant personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara marocain, M. Staffan de Mistura, a présenté un exposé devant le Conseil de sécurité, que l’on peut qualifier de moment critique et déterminant, chargé de significations stratégiques et d’un message adressé aux acteurs concernés, non seulement dans le cadre du conflit régional, mais aussi dans le arbitrage des positions internationales évolutives concernant l’avenir de ce dossier.

L’un des points saillants de cet exposé a été la réaffirmation du caractère central de l’initiative marocaine d’autonomie, qui a reçu le soutien renouvelé des États-Unis, qualifiant cette initiative de « sérieuse et crédible ». L’importance de cette déclaration dépasse son contenu direct ; elle acquiert davantage de valeur car elle s’inscrit dans un cadre de confirmation continue de la position américaine, consolidée depuis l’annonce du président Donald Trump en 2020, et qui s’est poursuivie sous la présidence de Joe Biden. Cela montre que la position américaine sur la question du Sahara est devenue un élément stable de la politique étrangère américaine, et non un simple choix passager d’une administration donnée.

Il convient de noter que cet exposé intervient dans le cadre du rappel des références à une solution politique telles que définies par les récentes résolutions du Conseil de sécurité, qui appellent à une solution réaliste, pratique et durable, fondée sur le consensus. Dans ce contexte, toute analyse objective du contenu de cet exposé démontre que l’initiative marocaine d’autonomie demeure le seul cadre qui s’aligne sur ces conditions objectives.

L’invitation de de Mistura à un « éclaircissement » concernant la nature des pouvoirs qui seront accordés à l’entité locale dans le cadre de l’autonomie ouvre la voie à Rabat pour renforcer sa vision institutionnelle de cette proposition et forger l’image du Maroc comme un acteur solide possédant la maturité institutionnelle et politique nécessaire pour garantir une solution responsable et durable.

Cependant, en analysant la langue de l’exposé, on constate une utilisation répétée du concept de « droit à l’autodétermination », qui se distingue clairement de l’approche réaliste que le processus politique des Nations unies est censé respecter. Alors que Rabat s’engage avec sérieux et responsabilité dans ce processus, en se tenant fermement à ses principes souverains, des parties hostiles, parmi lesquelles l’Algérie et le Polisario, tentent d’exploiter ce concept pour imposer un choix sécessionniste, doctrine qui a été dépassée par la réalité et les relations internationales contemporaines.

De plus, la mention par de Mistura d’une « mécanisme fiable pour l’autodétermination », sans en préciser la nature ou le cadre légal et politique, ouvre la porte à des interprétations qui alimentent le discours séparatiste, ce qui exige de la diplomatie marocaine de continuer à équilibrer son engagement positif et sa résistance aux tentatives de contournement des références onusiennes établies.

Le passage humanitaire par lequel de Mistura conclut son exposé, évoquant une jeune femme qui a « enterré ses parents et grands-parents dans les sables de Tindouf », et une autre qui ne veut pas que ses enfants y soient enterrés, porte une signification humaine profonde, mais sous-tend également un message politique cherchant à mobiliser le dossier par l’émotion, alors que la gestion du conflit requiert une froide réalité et une responsabilité historique.

Ici, il est préconisé que le récit marocain, renforcé par des données et des rapports, accompagne cette dynamique en mettant en lumière les conditions de détention dans les camps, ainsi que le déni basique des droits de leurs habitants, notamment la liberté de mouvement et d’expression, et en révélant les parcours de manipulation des aides internationales et le recrutement d’enfants.

De Mistura a annoncé que les trois mois à venir seront cruciaux pour l’élaboration d’une nouvelle feuille de route d’ici octobre prochain. Ainsi, il met les parties devant un test de leurs intentions et les appelle, de manière indirecte, à dépasser une logique d’attente et de manipulation politique en faveur de solutions concrètes.

Ce contexte impose au Maroc de poursuivre une approche de clarté et d’équilibre, en poursuivant un effort diplomatique actif en faveur d’une définition détaillée du contenu de l’initiative d’autonomie et en mobilisant ses alliés internationaux pour la soutenir, non seulement en tant que solution souveraine, mais aussi car elle incarne un modèle avancé de partage du pouvoir local au sein d’un cadre national unifié, et répond aux normes de gouvernance durable revendiquées par les organisations internationales.

L’exposé de de Mistura n’apporte pas de nouveauté fondamentale, mais il a placé tout le monde à un tournant nouveau : soit avancer vers une solution politique réaliste qui prend en compte les réalités géographiques et historiques, soit rester prisonnier d’un discours émotionnel et aliéné visant à reproduire des illusions séparatistes qui n’ont pas leur place dans le système international actuel.

Le Maroc, avec sa détermination, sa crédibilité et sa vision avancée, ne fait pas face seulement à un front séparatiste dépourvu de toute légitimité représentative, mais aussi à des résidus d’approches onusiennes hésitantes, qui doivent désormais s’engager clairement dans une logique de justice politique, et non pas seulement dans un langage de neutralité formelle. C’est un moment décisif dans le récit du conflit, et tous les acteurs, y compris les décideurs internationaux, doivent bien lire les messages et choisir la bonne position sur l’échiquier de ce conflit historique.

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