Après l’approbation du Fonds monétaire international, début avril, d’un nouvel accord de deux ans avec le Maroc dans le cadre de la « ligne de crédit flexible » (LCF), conçu pour prévenir les crises, d’un montant d’environ 4,5 milliards de dollars, le fonds a présenté les détails de son rapport pays sur « les consultations de l’article IV de 2025 et la troisième révision dans le cadre de l’accord et des arrangements pour sa mise en œuvre dans le cadre de la flexibilité et de la durabilité », louant les « réformes structurelles » entreprises par le Royaume.
Le rapport, qui a été publié lundi en version anglaise, souligne dans un résumé significatif que « la gestion progressive des finances publiques s’est poursuivie comme prévu », notant qu’après avoir évalué plusieurs indicateurs économiques et financiers, « le budget 2025 a renouvelé l’engagement des autorités à réduire le ratio de la dette publique à moyen terme ».
Parmi les sept mesures prévues pour la troisième et dernière révision, le Maroc a respecté « six mesures », selon les experts du Fonds monétaire international.
Ces mesures ont soutenu, selon la même source, « les efforts du Maroc pour traiter la rareté de l’eau, réformer le secteur de l’électricité, renforcer la production d’énergie renouvelable, mieux intégrer les risques climatiques dans le budget, et accroître la ‘finance verte' ».
Cependant, « la mesure qui n’a pas été respectée est la mesure RM9, concernant la production et l’activation de la documentation de conception pour l’imposition d’une taxe carbone », précise le rapport, ajoutant que « les autorités marocaines ont décidé de reporter l’implémentation de cette mesure afin de procéder à une analyse plus approfondie de la conception et de l’impact potentiel de la taxe carbone, ainsi qu’à des consultations supplémentaires avec les parties prenantes ».
Le rapport national « numéro 2025/087 », dont Hespress a pris connaissance dans son intégralité (environ 103 pages), indique que « les autorités marocaines ont poursuivi l’exécution de l’agenda de réformes structurelles et ont annoncé une nouvelle stratégie pour renforcer l’emploi », en référence au plan gouvernemental de l’emploi et de relance des très petites et petites entreprises, annoncé en février dernier.
Le rapport du Fonds monétaire international, après avoir procédé à la troisième révision par son conseil exécutif et évalué les derniers développements de l’économie du Royaume à la mi-mars 2025, conclut que « après une accélération en 2023, la croissance du produit intérieur brut a ralenti à 3,2 % en 2024, en raison d’une nouvelle saison de sécheresse ayant réduit la production agricole ».
Selon les données du document détaillé, après des discussions qui se sont terminées en février 2025 avec les responsables marocains concernant les développements et les politiques économiques en cours, les responsables et experts du fonds ont conclu que « la demande intérieure est restée forte au cours des trois premiers trimestres de l’année », constatant « un renforcement de la consommation grâce à la baisse de l’inflation et au soutien financier, ainsi qu’à l’essor des investissements lié au début d’un cycle de construction d’infrastructure ».
En revanche, le « secteur non agricole » est resté flexible, soutenu par une forte reprise des investissements et propulsé par « une série de projets d’infrastructure », ainsi que « une consommation robuste en raison de la baisse de l’inflation et du soutien financier des ménages ».
Cependant, l’institution financière internationale note que « la perte d’emplois dans le secteur agricole a maintenu le taux de chômage élevé à 13,3 % au quatrième trimestre de 2024, en hausse par rapport à 13,0 % l’année précédente, et bien au-dessus de la moyenne d’avant ‘Covid-19’ qui était alors de 9 % ».
Les résumés du rapport national sur le Maroc ont mis en garde contre les conditions du marché du travail, les qualifiant de « fragiles », attribuant cette situation aux « pertes importantes d’emplois et d’opportunités de travail dans le secteur agricole et à la baisse de la participation de la main-d’œuvre ».
« L’effet d’une demande forte a atténué le déficit du compte courant », selon ce qu’ont observé les experts du FMI, confirmant que cela est survenu « grâce à la poursuite des tendances positives dans les activités touristiques et les transferts financiers des Marocains de l’étranger, ainsi qu’à la croissance des exportations industrielles ».
Concernant les consultations et discussions de « l’article IV » entre les autorités financières marocaines et les responsables du Fonds monétaire international, les débats se sont concentrés sur « le rythme et la qualité de l’ajustement des finances publiques ».
Le rapport commente, à ce sujet, qu' »en dépit d’une augmentation des dépenses reflétant les mesures pour préserver le revenu disponible et financer les réformes structurelles de l’économie marocaine, le déficit budgétaire a été inférieur aux prévisions pour la deuxième année consécutive, grâce aux réformes fiscales qui ont élargi l’assiette fiscale ».
À l’avenir, le rapport du Fonds monétaire international indique que « le fait de dégager au moins une partie des recettes inattendues aidera à reconstruire rapidement les réserves financières qui ont été utilisées durant la pandémie ».
Il conclut également qu' »le cadre budgétaire à moyen terme a été renforcé, mais il devra inclure davantage de détails sur le coût des nouvelles mesures politiques, notamment sur la mise en œuvre plus rapide que prévu des projets d’investissement en vertu de la nouvelle charte d’investissement et les risques financiers des nouveaux partenariats public-privé ».
Les recommandations du fonds, après ses consultations avec les autorités financières marocaines, soulignent qu’une augmentation du chômage liée à la fuite des opportunités d’emploi dans le secteur agricole nécessite l’élaboration d’une nouvelle stratégie pour renforcer les opportunités d’emploi de manière durable, y compris des réformes visant à renforcer le secteur privé et à faciliter la croissance des petites et moyennes entreprises.
Le rapport explique également que cela exige « de fournir davantage d’assistance financière et technique ciblée aux projets de petites et moyennes entreprises, y compris dans le cadre de la nouvelle charte d’investissement, la réforme des centres régionaux d’investissement, et l’activation du Fonds Mohammed VI ».
Il conclut : « Les conditions climatiques changeantes constituent un risque majeur pour les prévisions économiques, mais elles offrent également une opportunité de développer des avantages compétitifs dans les secteurs de l’eau et de l’énergie renouvelable. En plus de poursuivre l’amélioration des infrastructures et du cadre réglementaire, la révision des systèmes tarifaires est une priorité pour atténuer la rareté de l’eau et encourager les investissements dans les énergies renouvelables. »