L’unification et la réforme coordonnent avec la justice et la bienfaisance pour revitaliser le projet des Frères musulmans au Maroc

L’unification et la réforme coordonnent avec la justice et la bienfaisance pour revitaliser le projet des Frères musulmans au Maroc

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Malgré qu’elle se présente comme un mouvement d’appel, la Mouvement de la Unité et de la Réforme au Maroc agit comme le bras organisationnel non déclaré du Parti de la Justice et du Développement. Elle opère au sein d’un système coordonné visant à reconfigurer l’espace public et institutionnel au service d’un projet politique spécifique. Cette relation va au-delà d’un simple croisement idéologique ou d’une coordination occasionnelle, devenant une partie d’une structure unifiée dont il est difficile de séparer les éléments, ce qui soulève une question sérieuse sur l’engagement du mouvement à œuvrer de manière civile, indépendante des orientations partisanes.

Le mouvement ne se limite pas à ses activités au sein des mosquées ou à travers des cours religieux, mais construit aussi sa présence dans les universités, les syndicats et les professions libérales, à travers des organisations parallèles comme l’Organisation de la Renaissance Étudiante et le Forum de la Dignité. Ces entités ne fonctionnent pas de manière isolée, mais sont gérées selon une vision unifiée visant à produire une classe sociale politisée au nom de la religion, encadrée par des règles de loyauté envers la communauté, et non envers l’État. Ce sens de loyauté est forgé dès le début à travers des programmes éducatifs et formateurs qui lient la foi à l’engagement politique, réinterprétant les notions de citoyenneté et de légitimité sous un angle purement partisan.

Lors des élections de 2016, le mouvement n’a pas hésité à franchir le cadre légal clairement défini, en orchestrant une coordination non déclarée avec le mouvement Al-Adl Wal-Ihsane, interdit. Cette alliance secrète révèle une disposition interne à dépasser les lignes rouges lorsque nécessaire, posant un problème fondamental concernant les positions du mouvement vis-à-vis des lois et des institutions, quand celles-ci échappent au contrôle du courant politique auquel il appartient. En vérité, il ne s’agit pas simplement d’une violation électorale, mais d’une tendance latente visant à miner la structure même de l’État au profit d’un projet alternatif.

Loin d’être anodin, le modèle de loyauté que ce mouvement reproduit au sein de la société est préoccupant. Celui qui s’engage dans ces organisations ne perçoit pas l’État comme une référence stable, mais le considère comme un outil de transition soumis à des négociations et à des manipulations. On observe la réplique de l’expérience des Frères musulmans dans sa version marocaine, mais avec des méthodes plus subtiles et moins conflictuelles, sans que le projet perde en dangerosité. La tactique a évolué, mais l’objectif demeure le même : redéfinir l’État de l’intérieur, à un rythme lent et selon une méthodologie institutionnelle rigoureuse.

L’expérience égyptienne offre un aperçu clair de ce qui peut se produire lorsque de telles organisations parviennent aux manettes de l’État. En un an, les Frères musulmans ont accaparé les médias, instrumentalisé la justice, paralysé l’économie, et imposé un discours unique excluant toute dissidence. À cette époque, l’intervention de l’armée n’était pas un choix idéologique, mais une nécessité pour sauver l’État de la désintégration. En Jordanie, les autorités ont pris une décision plus préventive, en interdisant le mouvement des Frères musulmans après avoir confirmé leurs menaces sécuritaires et leurs préparations militaires.

Au Maroc, la situation est plus calme, mais tout aussi urgente. La Mouvement de la Unité et de la Réforme opère au sein de la société avec une liberté totale, soutenue par une permissivité légale et une ambiguïté organisationnelle qui lui permettent de s’étendre sans être tenue de rendre de comptes. Le danger ne réside pas seulement dans ce que fait le mouvement aujourd’hui, mais également dans ce qu’il prépare à long terme, dans le cadre d’un projet qui semble discret de l’extérieur, mais qui reproduit la logique des organisations parallèles menaçant la notion d’État-nation moderne.

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