Abdelatif Wahbi, ministre de la Justice, a déclaré que la reconnaissance du travail domestique dans le cadre de la révision du Code de la famille marocain n’est pas seulement une « nécessité légale, mais également un engagement constitutionnel et éthique, s’inscrivant dans le cadre des obligations internationales du Maroc, notamment la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, ainsi que les conventions liées aux droits économiques et sociaux ». Il a ajouté que « cette reconnaissance trouve ses racines dans la mémoire juridique et sociale marocaine ».
Wahbi a précisé dans son intervention lors d’un colloque international sur « la reconnaissance de la valeur du travail domestique et son évaluation en cas de divorce – expériences comparées », organisé par son ministère en partenariat avec l’Union européenne et le Conseil de l’Europe dans le cadre du programme de coopération trilatéral MA-JUST, ce mardi, que « certaines traditions amazighes ont ancré le principe de ‘l’effort et de la sollicitation’, qui reconnaît à l’épouse des droits sur la richesse acquise, soutenu par un certain nombre de savants et de juristes en parfaite harmonie avec les objectifs de la charia ».
Le ministre a également souligné que « le Royaume du Maroc accorde une importance croissante à la question de l’équité économique pour les femmes », ajoutant que « ce chantier s’inscrit dans le cadre de la révision globale et profonde que le Maroc a lancée pour le Code de la famille, visant à ancrer les piliers de la justice et de l’égalité tout en garantissant la dignité de tous les membres de la famille, en particulier les femmes et les enfants ». Il a insisté sur le fait que le ministère de la Justice « est conscient que la reconnaissance de l’égalité effective ne passe pas seulement par des textes, mais aussi par la redynamisation du travail non visible effectué par des millions de femmes dans leurs foyers ».
Dans ce sens, le responsable gouvernemental a confirmé dans son discours, relayé par Rima Leblayli, directrice de la coopération et de la communication au ministère de la Justice, que « l’article 49 du Code de la famille tel qu’il est aujourd’hui pose un véritable problème, en liant la répartition des biens acquis pendant le mariage à l’existence d’un accord préalable entre les époux, ce qui est rarement réalisable dans la réalité, affaiblissant ainsi son impact protecteur ». Il a souligné que le Maroc est ouvert « à discuter de la possibilité d’améliorer cette disposition et d’autres textes connexes ».
Le ministre de la Justice a affirmé que l’objectif est « d’assurer la reconnaissance explicite de la valeur du travail domestique en tant qu’élément de développement de la richesse familiale, et de reconnaître une compensation en cas de séparation, selon une approche juste et réaliste ». Il a précisé que « la question de la reconnaissance légale et économique du travail domestique non rémunéré des épouses occupe une place centrale dans les discussions sociétales et juridiques, non seulement en raison des dimensions symboliques liées à la justice envers les femmes, mais aussi en raison des enjeux économiques et de développement majeurs qu’elle implique ».
Il a expliqué que « le travail domestique, qui a longtemps été enfermé dans une vision traditionnelle comme étant un ‘devoir naturel’ imposé aux femmes, est en réalité un pilier fondamental de la stabilité familiale, et un facteur déterminant dans la production de richesse et le maintien de la cohésion économique ». Il a ajouté : « Nous vivons aujourd’hui des transformations majeures touchant la structure économique, culturelle et sociale à l’échelle nationale et internationale, et il n’est plus acceptable de continuer à ignorer ce rôle essentiel des femmes au cœur du système productif ».
Wahbi a souligné que « l’organisation de ce colloque aujourd’hui, en coopération avec nos partenaires internationaux, constitue une occasion de partager des expériences et des expertises comparées, et de bénéficier des modèles européens qui ont réalisé des avancées significatives dans ce domaine ». Il a exprimé l’espoir que « les résultats de cette rencontre puissent servir de levier pour soutenir le dialogue national en cours sur la réforme du Code de la famille et le développement de nos outils législatifs, afin qu’ils s’alignent avec les orientations royales et nos engagements en matière de droits », et que « nous puissions avoir un Code de la famille plus juste et une société plus équitable et égalitaire ».