Dans le grand livre silencieux de la magistrature marocaine, certaines pages s’écrivent sans fracas mais laissent, à chaque paragraphe, la marque de l’excellence. Le parcours de Hicham Bellaoui, nommé en mai 2025 Procureur général du Roi près la Cour de cassation et Président du Ministère public, s’apparente à l’une de ces trajectoires rares, bâties non sur les éclats, mais sur la constance, l’abnégation et le service de l’État dans ce qu’il a de plus noble.
Né en 1977 à Salé, formé à l’école de la rigueur au sein de l’Institut supérieur de la magistrature dès 2001, Bellaoui a très tôt compris que la grandeur du juge ne se mesure pas à l’ampleur de ses discours, mais à la profondeur de ses décisions. De la petite juridiction de Souk El Arbaa, où il fit ses premières armes en 2003, à la Cour suprême du Royaume, chaque station de son ascension judiciaire fut empreinte de ce mélange rare de discrétion et d’autorité tranquille.
Sa carrière est une partition précise, jouée dans les coulisses du pouvoir judiciaire mais avec un sens aigu du tempo institutionnel. Il ne s’est pas contenté de juger, il a contribué à penser et à construire la justice marocaine contemporaine. À travers ses fonctions au ministère de la Justice – notamment en tant que chef de cabinet du ministre, responsable du casier judiciaire national ou directeur des mesures coercitives, il s’est imposé comme un maître d’ouvrage des réformes juridiques, autant qu’un gardien du détail normatif.
Mais c’est au sein de la Présidence du ministère public, dès sa fondation, que Bellaoui a donné toute la mesure de sa vision. D’abord directeur de cabinet, puis secrétaire général à partir de 2018, il fut l’architecte discret du dialogue entre les institutions, le garant des équilibres techniques, le dépositaire de dossiers sensibles que peu sauraient manier avec autant de finesse. Expert reconnu, docteur en droit privé, enseignant rigoureux à la faculté de droit de Salé et au sein de l’Institut supérieur de la magistrature, il n’a jamais dissocié la théorie de la pratique, ni l’érudition du devoir.
Son engagement dans la formation, la coopération internationale – notamment avec le Conseil de l’Europe dans le cadre du programme MEDA Justice , et les chantiers de protection des droits humains, notamment contre la . Un homme qui croit que la loi, pour être légitime, doit servir d’abord les faibles, les oubliés, les sans-voix.
Le choix royal qui l’a porté à la tête du ministère public est plus qu’une nomination. C’est une consécration méritée. Une reconnaissance d’un parcours sans faux pas, d’un esprit sans compromission, d’un serviteur sans vanité. Hicham Bellaoui appartient à cette génération montante de magistrats marocains qui réconcilient autorité et modernité, loyauté et réforme, rigueur de la règle et souffle de la justice.
À l’heure où le Royaume engage une nouvelle ère dans la moralisation de la vie publique et la consolidation de l’État de droit, la figure de Bellaoui s’impose comme un pilier naturel. Non pas comme un symbole médiatique, mais comme une conscience institutionnelle : celle d’un homme qui sait que le droit est d’abord une promesse tenue.