Le roi appelle à ne pas sacrifier… devons-nous abattre notre égo et raviver notre conscience ?

Le roi appelle à ne pas sacrifier… devons-nous abattre notre égo et raviver notre conscience ?

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Dans un moment charnière qui nécessite sagesse et discernement, est parvenue la haute mission royale dans laquelle Sa Majesté le Roi Mohammed VI, en tant qu’Amir des croyants, appelle à ne pas sacrifier les moutons cette année. Cette décision n’est pas simplement technique ou circonstancielle, mais elle incarne un leadership responsable qui perçoit la réalité avec une conscience religieuse et sociale, anticipant les défis avec un sens national profond. Le Maroc traverse une crise double : une sécheresse persistante qui affecte la nappe phréatique et la couverture végétale, et une forte diminution du cheptel, le tout accompagné d’une hausse des prix qui pèse sur les ménages. C’est ainsi que l’appel du roi ne vise pas à restreindre le rite, mais à élever son objectif et à alléger la pression sur des milliers de citoyens qui ne peuvent plus supporter les burdens de la fête dans sa forme consumériste imposée par la réalité ces dernières années.

Le message n’a pas seulement exonéré les gens de sacrifier des moutons, il a également levé la pression, ouvrant la voie à une réflexion sur la signification des rites et leurs objectifs. Le sacrifice est une tradition affirmée, mais l’Islam a formulé le principe de la facilité comme fondement et celui d’éviter la souffrance comme but, car il n’y a ni préjudice ni dommage. Sa Majesté, connaissant bien les objectifs de la loi, a réajusté la boussole collective vers cette compréhension équilibrée, alliant le texte et la réalité, la croyance et l’intérêt, la foi et la miséricorde.

Cependant, il est regrettable que certaines voix n’aient pas saisi l’essence de cette décision et l’aient soit traitée avec dédain, soit avec obstination ou même moquerie. Certains considèrent toujours la fête comme une occasion de se vanter, de rivaliser pour le plus gros mouton, de remplir les tables et de photographier les banquets, même au prix des dettes, de la pression psychologique ou même de se mentir. Ceux-ci ne voient dans la décision qu’une opportunité perdue pour un « festival du barbecue », ignorant que la sagesse d’aujourd’hui exige de mettre de côté les aspects extérieurs de la fête pour préserver son esprit. Qu’il s’agisse de retarder le sacrifice du mouton, pour éviter de sacrifier la dignité, la conscience et la prise de conscience collective.

D’un autre côté, le pays a besoin aujourd’hui d’une prise de conscience collective qui place l’intérêt général au-dessus des désirs individuels, qui saisit le moment non pas pour le rejeter, mais pour l’investir dans la correction des dérives des habitudes. Il n’est pas patriotique de se plonger dans les apparences tout en oubliant la patrie. Ce n’est pas une forme de dévotion que de mettre le pauvre en difficulté, de créer une pression sociale au nom de la tradition, ou d’imposer aux gens ce que Dieu ne leur a pas demandé dans cette période délicate.

Cette occasion pourrait être un tournant, une opportunité pour promouvoir l’ascétisme, la solidarité, et le maintien des liens familiaux, non seulement par la viande. Celui qui souhaite véritablement célébrer la fête doit faire de sa richesse une aide pour ceux qui n’en ont pas. Qu’il sacrifie son égoïsme, et non seulement son mouton. Qu’il revoie ses intentions, et non seulement son budget. Car l’essence du sacrifice ne réside pas dans le sang, mais dans les cœurs. Dans la piété, dans la compassion, dans la juste appréciation de l’intérêt collectif.

L’appel de Sa Majesté, remarquable tant par son contenu que par son timing, constitue une leçon éloquente de sagesse et de clairvoyance, et nous offre une chance de redécouvrir la signification au milieu de l’agitation des habitudes. Nous devons nous élever au niveau de cette vision et prouver que les Marocains sont capables d’identifier leurs priorités, et qu’ils savent quand privilégier l’esprit au ventre, et l’intérêt aux apparences.

Une fête sans sacrifice ne signifie pas une fête sans joie, mais elle est plutôt un appel à une joie différente, plus mûre, plus authentique et plus vaste. La véritable fête ne se mesure pas à la taille d’un barbecue, mais à notre contribution pour alléger la souffrance des autres, et à la pureté de nos intentions, à la vivacité de notre conscience, et à notre courageux engagement en faveur de l’humanité et non de la table.

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