Lors d’une conférence académique de haut niveau organisée à la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de l’Université Sultan Moulay Slimane, Younes Mjahed, président de la Commission provisoire de gestion du secteur de la presse et de l’édition, a livré une analyse lucide sur la nature et la mission des conseils de la presse.
Selon lui, ces institutions ne doivent en aucun cas être perçues comme de simples structures interprofessionnelles. Elles ont été créées avant tout pour protéger la société des dérives possibles du champ médiatique. « Les conseils de presse ne sont pas des cénacles fermés entre professionnels, mais des espaces ouverts, pensés pour servir l’intérêt général. »
Younes Mjahed insiste sur le fait que l’autorégulation n’est pas une affaire corporatiste. Dans les pays à tradition démocratique affirmée, les conseils de presse sont souvent dirigés ou encadrés par des représentants de la société civile : magistrats, universitaires, personnalités reconnues pour leur compétence et leur probité. C’est dans cette ouverture que réside leur véritable légitimité.
Il ajoute : « L’éthique journalistique n’est pas une affaire interne à la profession. Elle est un pacte de confiance entre la presse et la société. »
Refusant de limiter le débat sur l’avenir des médias à une élite professionnelle ou universitaire, Mjahed plaide pour une réflexion collective engageant toutes les composantes de la société : institutions législatives, exécutives, judiciaires, ainsi que les acteurs constitutionnels et sociaux.
C’est dans cette perspective qu’il a annoncé la conclusion prochaine d’un accord-cadre avec le ministère de l’Enseignement supérieur. Ce partenariat visera à renforcer les liens entre la presse et le monde académique, à travers l’échange d’expertises, la valorisation de la production scientifique, la promotion de la lecture, et l’ouverture des médias sur les réalités des universités et des grandes écoles.
« L’université regorge de savoirs, de données et de réflexions stratégiques. À chaque visite dans une faculté, je suis frappé par la richesse des recherches produites, et peiné par le peu d’écho qu’elles trouvent dans nos médias. Il y a ici un lien à reconstruire, et une responsabilité partagée. »
Mjahed conclut en soulignant l’impérieuse nécessité de diffuser une information de qualité, adossée à la science, à l’analyse rigoureuse et à l’expertise documentée.
La conférence, tenue sur deux jours autour du thème « Médias et droit : défis et opportunités à l’ère numérique », a réuni des universitaires, chercheurs et experts marocains et internationaux, dans un échange riche et prospectif sur les mutations contemporaines du paysage médiatique.