Dans une démarche témoignant d’une double norme flagrante, l’ambassade du Qatar à Washington a publié un communiqué à l’attention de ses ressortissants, les exhortant à éviter toute activité politique lors de leur séjour aux États-Unis, y compris à s’abstenir de parler de sujets sensibles tels que la question palestinienne.
Le communiqué insiste sur l’importance de « respecter les lois locales », de « respecter la durée de séjour » et de « se concentrer sur les études », mais délivre un message clair : le silence est la meilleure politique, en particulier en ce qui concerne la Palestine.
En revanche, la branche médiatique de l’État, la chaîne Al Jazeera, continue d’intensifier son discours au sein des universités américaines, rapportant en temps réel les mouvements des communautés arabes, propageant les manifestations et incitant à une mobilisation politique croissante. La chaîne appelle à hisser les drapeaux palestiniens, à boycotter des événements académiques, et organise des couvertures étendues qu’elle qualifie de « révolte estudiantine ».
L’écart entre le discours officiel et le comportement de ce média d’État devient de plus en plus évident. Le Qatar ne souhaite pas que ses citoyens s’engagent dans des conflits politiques sur des terres étrangères, mais n’hésite pas à inciter d’autres à mener le combat. Les communautés arabes sont utilisées comme instruments de pression, tandis que les ressortissants qataris se voient protégés d’un contact direct avec les autorités américaines.
Cette hypocrisie politique soulève de véritables interrogations : pourquoi demande-t-on aux citoyens qataris de se taire alors qu’on pousse d’autres à la confrontation ? Pourquoi la cause palestinienne est-elle utilisée uniquement comme une plateforme médiatique, instrumentalisée selon le lieu et l’intérêt, plutôt que considérée comme une position principielle fixe ?
Le Qatar adopte ouvertement un récit de soutien à la Palestine, mais en réalité, il gère la situation avec précaution. Il évalue les réactions américaines et fait la distinction entre ses citoyens et ses messages médiatiques.
Alors que l’étudiant qatari est averti de ne pas s’exprimer, l’étudiant arabe reçoit une tribune qui l’incite à l’escalade. Le résultat : une protection politique pour le citoyen, et un combustible médiatique avec lequel le Qatar alimente son discours extérieur.