La commission temporaire en charge des affaires du secteur de la presse et de l’édition a publié un communiqué en réponse à la déclaration du Syndicat national de la presse marocaine, qui a affiché son soutien au vice-président, Mohamed Talbi, et à un membre de son bureau exécutif, Jawad El Khni, après la publication de décisions disciplinaires à leur encontre. La commission a souligné que le communiqué du syndicat contenait des déformations qui portent atteinte à l’essence même du travail professionnel et à l’autodiscipline de la profession.
Dans sa réponse, la commission a exprimé une grande surprise face à la position du syndicat, notamment celle de défendre son vice-président, Mohamed Talbi, qui a reçu une sanction disciplinaire après avoir publié un message sur les réseaux sociaux, considérée par la commission comme une diffamation à l’égard de ses membres, allant jusqu’à les qualifier d’ »opportunistes » et à remettre en question leur intégrité financière. Elle a précisé que ce message ne relevait pas de la liberté d’expression, comme l’a prétendu le communiqué du syndicat, mais constituait une violation claire du code de déontologie du journalisme, en particulier l’article six relatif à l’indépendance et à l’intégrité, qui interdit aux journalistes d’utiliser tout moyen de communication pour régler des comptes ou publier de fausses accusations.
Concernant Jawad El Khni, membre du bureau exécutif du syndicat et directeur de publication du site « Aujourdhui le Maroc », la commission a révélé avoir reçu une plainte de la gendarmerie royale après qu’il a relayé une information non vérifiée sur l’intoxication de gendarmes par une substance appelée « mahia ». Elle a précisé que l’intéressé a manqué le premier appel, puis s’est présenté ultérieurement en demandant des délais répétés pour régler l’affaire à l’amiable, sans qu’aucun accord ne soit atteint. Cela a conduit la commission à prendre une décision disciplinaire à son égard le 5 mars 2025, après avoir épuisé toutes les possibilités d’explication et de justification.
La commission temporaire n’a pas caché son irritation face aux déclarations émanant de la direction du syndicat, les qualifiant d’accusations portant atteinte à l’honneur de ses membres et menaçant l’indépendance du travail organisationnel au sein du secteur. Elle a considéré que les qualifier de « représailles » relevait de l’incitation, annonçant qu’elle se réservait le droit de saisir la justice si ces déclarations se poursuivaient. Elle a également questionné avec véhémence : était-il attendu que la commission d’éthique se complaise et ferme les yeux sur des violations qui atteignent le cœur de la profession simplement parce que les concernés appartiennent à un syndicat professionnel ?
La commission a insisté sur le fait que l’appartenance syndicale ne pouvait pas conférer d’immunité contre la responsabilité, en appelant les personnes lésées à se tourner vers la justice au lieu de menacer de ce qu’elle a qualifié de « mesures de protestation militante ». Elle a confirmé qu’elle poursuivrait ses missions conformément à la loi, affirmant que sa responsabilité principale était de protéger le public contre des violations éthiques pouvant compromettre la confiance des citoyens dans le métier de journaliste.
En conclusion de sa réponse, la commission a averti que la position de la direction du syndicat menaçait le parcours qu’avait suivi le système de régulation autonome, sachant qu’à la fin avril 2025, la commission avait rendu un total de 203 décisions disciplinaires, qui n’avaient été confrontées à aucune objection ou révolte, sauf de la part de membres au sein de la direction du syndicat national de la presse. Cette réalité révèle que le désaccord a dépassé une simple divergence d’évaluation, soulevant des questions essentielles sur l’avenir des relations entre les institutions professionnelles et les organisations syndicales dans le secteur de la presse au Maroc.