Combien avons-nous besoin de nouveaux Morris ?

Combien avons-nous besoin de nouveaux Morris ?

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Najiba Jalal/

Dans l’histoire américaine, comme dans celles des nations vivantes, il existe des hommes qui n’ont pas pris les armes, mais qui étaient en première ligne. Parmi eux, Robert Morris, connu non seulement comme l’un des pères fondateurs des États-Unis, mais aussi comme le financier de la révolution qui a changé le cours du monde.

Morris, marchand d’origine anglaise et américain d’appartenance, était l’un des rares à avoir signé à la fois la Déclaration d’indépendance, les articles de laConfédération et la Constitution des États-Unis. Mais surtout, il a occupé de 1781 à 1784 le poste de surintendant des finances de la jeune nation, durant l’une de ses périodes les plus sombres : la guerre d’indépendance contre l’Empire britannique.

Les historiens l’ont surnommé « Financier de la Révolution », car il n’a pas seulement prêché des slogans, mais a financé la révolution de son propre portefeuille, mobilisant des fonds, régulant les dépenses et sauvant le pays de la faillite.

Il avait une vision exceptionnelle, comprenant que sans liberté, il n’y a pas d’indépendance financière, et que sans indépendance financière, il n’y a pas d’investissement national audacieux, reliant le capital au destin de la patrie, et non aux intérêts individuels.

Lorsque je me suis tenu devant sa statue lors de ma dernière visite, une question pressante m’est venue à l’esprit :
Combien avons-nous aujourd’hui besoin de nouveaux Morris ?

Au Maroc, comme dans d’autres pays du Sud, nous manquons ni d’initiatives ni de projets. L’État joue son rôle en lançant les grandes stratégies, en fournissant les infrastructures et en ouvrant des perspectives vers des partenariats internationaux prometteurs. Cependant, la réalisation d’un véritable décollage dépendra de l’implication du capital national dans le projet collectif.

Nous avons besoin d’investisseurs nationaux à l’image de Morris :
qui ne voient pas leur pays comme un simple marché ou un terrain de spéculation immobilière, mais comme un espace d’innovation, d’emploi, de fabrication et de construction de la richesse commune.
Nous avons besoin de personnes qui croient que l’argent est un message, et que le profit n’est pas en contradiction avec le service de l’intérêt général, mais se réalise à travers celui-ci.

Il est temps de passer d’une logique de rente et de spéculation à une logique de partenariat pour construire un Maroc fort, économiquement indépendant et résistant aux crises.
Car la souveraineté ne s’importe pas, les révolutions ne se экспортent pas, mais les nations se construisent grâce à des hommes qui croient que l’argent qui ne sert pas la patrie… est un fardeau pour elle.

Robert Morris n’était ni un saint ni un idéal, mais il était un patriote au sens profond du terme. L’histoire nous a appris que la construction nécessite parfois le courage d’un investisseur plus que l’élan d’un révolutionnaire.

Alors, avons-nous aujourd’hui des personnes prêtes à inscrire leur signature dans l’histoire, comme l’a fait Morris, non seulement avec de l’encre, mais avec un financement responsable, un investissement productif et une profonde conviction en l’avenir de leur pays ?

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