Dans un coin paisible de la rue Mohammed Diouri à Kénitra, un homme africain avançait avec difficulté. Son corps épuisé, sa jambe droite presque paralysée, ses yeux perdus. À ses côtés, sa petite fille marchait, vêtue d’une robe sale, pieds nus, agrippant fermement sa main comme pour lui dire : ne tombe pas.
La scène était troublante. Des passants ont regardé, certains ont accélérez le pas. Mais une personne s’est arrêtée. Un homme de pouvoir en visite dans le quartier a aperçu l’enfant. Il n’a pas cherché à connaître leur identité, ni convoqué une patrouille de police. S’approchant calmement, il a parlé à l’homme, puis lui a tendu la main pour l’aider à se relever.
À ce moment-là, le prince de Kénitra ne représentait pas seulement l’autorité, mais également l’humanité, voyant la véritable souffrance dans la rue. Il ne s’est pas contenté de faire un constat. Il a lui-même conduit l’homme et sa fille vers un responsable administratif voisin, qui supervisait une campagne de libération de l’espace public dans son secteur.
Le responsable les a accueillis, a suspendu momentanément la campagne, a pris son téléphone et a contacté un centre d’hébergement pour sans-abris dans le quartier de la Saknia. Il a expliqué la situation en insistant sur l’urgence. En quelques minutes, un abri temporaire a été assuré pour l’homme et sa fille. L’objectif était clair : d’abord protéger l’enfant, soigner le père si possible, puis examiner la situation sociale et juridique pour proposer une solution concrète.
Parallèlement, il a donné des instructions à un agent pour accompagner personnellement l’homme et sa fille. Il a également demandé de leur fournir un repas immédiat. La petite avait faim. Elle n’a pas pleuré, ni demandé, mais son regard en disait long. Un simple repas, un morceau de pain et un peu de nourriture, suffisaient à lui rendre un peu de sérénité.
L’agent a pris place dans la voiture avec eux. Il n’a pas beaucoup parlé. Il a observé la petite manger et a aidé l’homme à descendre de la voiture à leur arrivée au centre. Il a accompli sa mission comme il se doit. Sans ordres écrits ni photos pour les réseaux sociaux.
Les passants qui ont suivi la scène ont été touchés. L’un d’eux a déclaré que ce genre de comportement redonnait confiance dans les institutions de l’État. Une femme âgée qui est passée à côté d’eux a murmuré des prières, puis est partie.
Ce qui est frappant dans cette histoire, c’est que les hommes de pouvoir ont agi en dehors du cadre habituel. Ils n’ont pas abordé le problème comme un simple dossier, mais comme des humains. Ils ont perçu la douleur dans la rue et ont réagi.
Le prince de Kénitra n’a pas cherché de justifications légales. Il n’a pas seulement transféré l’affaire aux autorités compétentes. Il a pris les devants et s’est assuré que la personne concernée parvienne à un endroit sûr. Ce type de comportement est rare mais possible, révélant la facette humaine de l’administration.
Le responsable n’a pas vu la situation comme un fardeau supplémentaire. Il l’a perçue comme une responsabilité directe. Il a agi rapidement, a coordonné, suivi et supervisé l’exécution. Même l’agent, qui aurait pu se contenter de transporter, a choisi de les accompagner jusqu’à la fin du processus.
Ce qui s’est passé à Kénitra n’était ni une initiative éphémère, ni une opération de relations publiques. C’était un moment de sincérité humaine en plein cœur d’une ville animée. Un message que la responsabilité ne concerne pas seulement le contrôle et l’organisation, mais aussi la compassion et la vigilance humaine.
La petite fille et son père n’ont peut-être pas retenu les noms de ceux qui les ont aidés. Mais ils ont vécu une journée différente. Elle a dormi dans un endroit chaud, a mangé avec sérénité, et son père a tenu sa main, apaisé pour la première fois depuis des jours.
Dans la rue, personne ne sait qui observe, qui intervient, ou qui disparaît. Mais hier, à Kénitra, les hommes de pouvoir étaient présents. Ils ont vu, agi, et silencieusement, ils ont changé quelque chose de très petit… mais de bien réel.