Crise persistante et avenir incertain : les agents de nettoyage de la commune de Moulay Bousselham poursuivent leur sit-in.

Crise persistante et avenir incertain : les agents de nettoyage de la commune de Moulay Bousselham poursuivent leur sit-in.

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Aucune issue à l’horizon : les travailleurs de la propreté de la commune de Moulay Bou Selham poursuivent leur sit-in

« Ousar Ahmed »

« Par la lutte et la détermination, les droits des travailleurs seront rétablis… » C’est avec ce slogan que des dizaines de manifestants se sont exprimés, ce mercredi, devant le siège de la préfecture de Kénitra, lors d’un rassemblement organisé par la Confédération Démocratique du Travail pour soutenir les agents de propreté licenciés de la commune de Moulay Bou Selham, qui mènent un sit-in ouvert depuis près de deux ans.

La manifestation a vu la participation de plusieurs secteurs syndicaux affiliés à l’union régionale. Elle a rassemblé de nombreux responsables syndicaux nationaux et régionaux, ainsi que des militants de la société civile et des droits de l’homme. Des slogans fort ont été lancés contre ce qu’ils qualifient d’« exclusion systématique et de violations continues des droits des travailleurs dans le secteur », tenant la collectivité locale et la société chargée de la gestion des déchets responsables de cette situation.

Protestation contre un marché « douteux » et dénonciation de l’exclusion

Cette protestation survient dans un contexte de tensions sociales persistantes au sein de la commune de Moulay Bou Selham, à cause d’un contrat de gestion déléguée qualifié par le syndicat de « douteux ». Ce contrat a entraîné l’exclusion des agents de propreté, malgré leur inclusion sur les listes officielles pour l’année 2024, et leur remplacement par d’autres personnes dans des conditions non transparentes, selon les manifestants.

Dans une déclaration à « Express TV », Mohamed Abouirika, le secrétaire régional pour les collectivités territoriales et la gestion déléguée à Kénitra, a affirmé que « si le responsable local décidait de réintégrer les travailleurs, cela lui éviterait un douloureux tourment de conscience, tout en corrigeant une grave erreur commise à l’encontre des fils de sa région ». Il a ajouté que « le fait de jeter ces travailleurs à la rue et de laisser leurs familles dans la misère pendant près de deux ans est inacceptable et nécessite des comptes au lieu de complaisance ».

Accusations d’exclusion et restrictions des libertés syndicales

Des déclarations de l’union régionale de la Confédération ont confirmé que la société concédante avait recours à des « manipulations des listes » et à « des violations de la législation » en organisant des concours sélectifs en dehors des procédures officielles, considérées comme un moyen d’exclure les syndicalistes et de restreindre les libertés syndicales. Le syndicat a également accusé le président de la commune de s’être dérobé à ses engagements malgré des instructions claires du préfet d’étudier le dossier.

Les syndicalistes précisent que « les travailleurs de la propreté se sont retrouvés du jour au lendemain dans la rue, sans revenus, sans protection sociale, et dans un silence total de la part des autorités, aggravant ainsi les souffrances de leurs familles et atteignant leur dignité et leurs droits ».

Les travailleurs de la propreté : ruptures familiales et fêtes devenues un cauchemar

Dans un entretien accordé à « Express TV », un des travailleurs licenciés de la commune de Moulay Bou Selham a dévoilé un aperçu de la souffrance quotidienne vécue par lui et ses collègues depuis près de deux ans, déclarant que « la situation est devenue intenable, surtout que la plupart d’entre nous sont des chefs de famille et des parents, incapables de subvenir aux besoins les plus élémentaires de la vie face à la montée des prix et à l’absence de tout revenu stable ».

Il a ajouté que certains de ses collègues avaient dû se séparer de leur famille, incapables de fournir les nécessités basiques, soulignant que « les fêtes et la rentrée scolaire se sont transformées en un véritable cauchemar, avec un total mépris des autorités pour notre détresse et l’absence de toute perspective de solution à la crise ».

Ces témoignages reflètent l’impact social profond de cette crise, qui dépasse les limites de la rue et du débat légal, atteignant le déchirement des familles et menaçant la stabilité psychologique et matérielle d’un grand nombre de travailleurs et de leurs enfants.

Absence d’interaction de la part de la commune

Dans une tentative de recueillir l’avis de la commune sur le sujet, « Express TV » a tenté de contacter le président de la commune de Moulay Bou Selham, Chahoui Belassal, mais son téléphone est resté sans réponse. Des messages lui ont également été envoyés via des applications de messagerie sans réponse ni réaction de la part de l’équipe de la rédaction.

Escalade prévue et appels à la responsabilité

En conclusion de la manifestation, la Confédération Démocratique du Travail a annoncé sa disponibilité à mener des actions de solidarité et d’escalade. Elle a également appelé toutes les forces vives, des syndicats et de la société civile aux médias, à soutenir les travailleurs dans leur lutte pour récupérer leur droit légitime au travail et à la dignité, affirmant que le combat se poursuivra jusqu’à ce que les victimes soient rétablies et que les coupables soient tenus responsables.

Problèmes structurels dans le secteur de la propreté déléguée

Le dossier de Moulay Bou Selham n’est qu’un nouvel exemple des dysfonctionnements que rencontrent plusieurs collectivités au Maroc dans la gestion de la propreté via le mécanisme de « gestion déléguée ». Bien que ce modèle offre des possibilités de réduire les coûts et d’améliorer les services, il se transforme souvent en source de protestations en raison d’un manque d’efficacité et de problèmes de gestion, comme cela s’est récemment produit dans la commune de Mohammedia dans la province de Kénitra, avec des violations des termes des cahiers des charges, et l’absence de conformité aux droits sociaux minimums.

Les syndicats demandent une réglementation de ce secteur vital, ainsi que le renforcement des mécanismes de contrôle et de responsabilité, pour garantir la protection des droits des travailleurs et l’offre d’un service public décent qui respecte la dignité humaine et les exigences de la santé et de l’environnement.

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