Dans un développement marquant, l’une des affaires de fraude et de complot les plus complexes visant le Maroc a éclaté, suite aux révélations de l’homme d’affaires Mustafa Aziz, qui, le 12 juillet 2025, a diffusé une vidéo en direct sur le compte de « Mouvement Maroc de demain » sur TikTok. Pendant plus de 25 minutes, Aziz a exposé les détails d’un réseau dirigé par Mehdi Hijawi, soutenu par des figures connues au Canada, en Espagne et au Moyen-Orient. L’objectif affiché était financier, mais la réalité était plus profonde : un projet d’infiltration de la décision souveraine marocaine par le biais d’une fraude sophistiquée et d’une désinformation profonde.
La journaliste Najiba Jalal, dans le quotidien « Express TV », a publié des enregistrements audio dévoilant les méthodes utilisées par Hijawi pour convaincre les investisseurs, s’appuyant sur des enregistrements falsifiés de la voix du conseiller royal Fouad Ali El Himma. Ces voix frauduleuses, générées par des technologies d’intelligence artificielle, visaient à légitimer la prétention de Hijawi d’être « le deuxième homme de la DGED ». Il s’était présenté à Paris à l’été 2024 comme étant chargé d’un projet royal pour préparer des investissements dépassant un milliard de dollars en vue de la Coupe du Monde 2030.
En quelques mois, Aziz et des investisseurs internationaux ont été convaincus de débloquer des fonds. Parmi eux, Jean-Yves Olivier, proche du président congolais Denis Sassou Nguesso, qui n’a pas hésité à remettre un passeport diplomatique à Hijawi et à proposer de lancer une chaîne africaine au budget de 10 millions de dollars. Les victimes incluaient un sénateur américain proche de Trump impliqué dans un projet de gestion de l’eau. Toutes les réunions se sont tenues hors du Maroc, et tout ce qui restait étaient des cadeaux de luxe et des comptes offshore rapidement fermés.
Parallèlement, Hicham Girando, basé au Canada, s’occupait de l’aspect médiatique de ce plan. Des vidéos et des messages incitatifs ciblaient les agences de sécurité, tentant de convaincre la diaspora de l’existence de conflits internes au palais et de services de renseignement rivaux. Tous ces efforts faisaient partie d’une stratégie organisée pour saper la confiance tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, de façon à ce que les plaintes des investisseurs semblent être intégrées à ce conflit fictif.
Le plus inquiétant était que Hijawi se présentait comme étant protégé par une personnalité influente émiratie et qu’il se préparait à succéder aux agences souveraines marocaines après un tremblement de changements anticipé au sein de l’État, affirmant préparer un « Conseil royal » pour la direction à venir. La fraude n’était pas seulement un acte de tromperie financière, mais représentait une tentative de prédéfinir les contours d’une domination douce sur l’État marocain de l’extérieur.
Quelle est la gravité de la situation ? Lorsqu’un fraudeur imite la voix d’un conseiller royal pour séduire des investisseurs, rien n’empêche demain la falsification d’ordres émis par n’importe quel responsable pour perturber la décision souveraine. Nous entrons dans une ère où la désinformation profonde devient un véritable outil de chantage contre les États, menaçant leur stabilité de l’intérieur.
Les institutions marocaines n’étaient pas inattentives. Les services de renseignement ont surveillé les mouvements des passeports diplomatiques suspects et les manipulations des voix. Aujourd’hui, des maillons de ce réseau tombent un à un avant que le projet ne passe d’une illusion à une réalité politique.
Mais une question se pose avec insistance : la prétendue protection dont bénéficiait Hijawi aux Émirats était-elle une erreur individuelle ou faisait-elle partie d’une tentative de tester la résilience de la souveraineté marocaine par le biais d’un fonctionnaire renvoyé ? Et l’idée d’un « Conseil de tutelle » et d’un « tremblement de changements » n’étaient-elles que des mensonges amplifiés par l’intelligence artificielle, ou des intentions réelles de troubler les eaux stagnantes à Rabat ?
Une chose est sûre : le Maroc a plus que jamais besoin de protéger ses institutions contre le chantage, de colmater toutes les voies d’infiltration et de ne jamais accepter de troquer la sécurité nationale contre quelque relation ou promesse extérieure.