Lors d’une conférence de presse qui a suivi l’ouverture du 23e forum sur la stabilité financière islamique à Rabat, le jeudi 3 juillet 2025, Abdelatif Jouahri, le gouverneur de Bank Al-Maghrib, a affirmé que l’expérience du financement participatif au Maroc en est encore à ses débuts et fait face à de grands défis structurels, parmi lesquels l’enjeu de la liquidité, une gouvernance fragile, et la rareté des compétences qualifiées.
Jouahri a souligné que le lancement effectif de ce type de financement n’a commencé qu’après 2020, bien que les premières licences aient été accordées en 2017. Il a précisé que Bank Al-Maghrib s’est engagé à ouvrir ce secteur en collaboration avec des banques marocaines prêtes à s’engager dans cette expérience.
Le même responsable a expliqué que chaque nouveau produit dans le cadre du financement participatif doit être approuvé par le Conseil scientifique supérieur, dans un cadre de coordination étroite ayant permis jusqu’à présent l’émission d’environ 200 avis juridiques à travers près de 400 réunions organisées en partenariat avec le ministère des Habous et des affaires islamiques.
En ce qui concerne les indicateurs numériques, le gouverneur a révélé que le volume des financements participatifs atteint environ 35 milliards de dirhams, tandis que les dépôts à vue ne dépassent pas 12 milliards de dirhams, ce qui indique une lacune de financement affectant l’équilibre de ce système financier.
Jouahri a affirmé que la crise de liquidité représente le plus grand défi auquel les banques participatives sont confrontées, signalant que Bank Al-Maghrib, en coordination avec le Conseil scientifique supérieur, a développé des solutions techniques et juridiques pour remédier à ce problème, mais celles-ci demeurent limitées et non durables. Il a également évoqué le travail en cours pour élaborer des solutions structurelles tels que l’émission de sukuk souverains ou l’autorisation des banques participatives à émettre leurs propres sukuk pour renforcer leur capital et financer leurs activités.
Il a également insisté sur l’importance d’améliorer la gouvernance et de mettre en place des stratégies spécifiques pour les banques participatives, affirmant que cela doit concerner tous les acteurs souhaitant développer le financement islamique au Maroc, et pas seulement les grandes banques.
Dans un contexte connexe, le gouverneur a souligné l’importance de l’adhésion complète du Maroc au Conseil des services financiers islamiques, qui est une institution de référence mondiale dans le domaine de la finance islamique. Il a rappelé que le Maroc a rejoint le conseil en tant qu’observateur en 2007, puis en tant que membre à part entière en 2012, et participe régulièrement à ses activités.
Jouahri a considéré que l’accueil par Rabat des travaux du forum représente une étape importante pour l’échange d’expériences et d’idées sur les moyens de renforcer la durabilité du système financier participatif, ajoutant que ce développement ne se limite pas seulement au financement, mais englobe également le marché de l’assurance, notamment l’assurance takaful, qui contribue à élargir l’écosystème financier participatif.
Enfin, il a conclu en affirmant que l’institution continue de travailler à identifier les défis et à résoudre les lacunes, avec un enregistrement d’une amélioration progressive des indicateurs grâce à des études et recherches continues visant à construire un environnement intégré pour la finance islamique au Maroc.