Kénitra : Une crise culturelle dans une ville qui ferme ses portes aux créateurs

Kénitra : Une crise culturelle dans une ville qui ferme ses portes aux créateurs

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La ville de Kénitra connaît une stagnation culturelle sans précédent, visible par le manque d’initiatives soutenant les arts et le théâtre, ainsi que par la faible présence institutionnelle dans l’appui des manifestations sérieuses. Ce constat est d’autant plus frappant que la ville regorge de talents artistiques et associatifs opérant dans l’ombre, alors même que des budgets sont alloués par la commune pour soutenir les activités culturelles.

De nombreux acteurs culturels expriment de grandes difficultés à organiser leurs événements, qu’ils attribuent à un abandon des engagements de la part de la commune et à un recul sur des partenariats préalablement convenus. Cette situation ne fait qu’aggraver la crise de confiance entre la société civile et les autorités locales.

Récemment, un problème a émergé concernant le soutien qui n’a pas été accordé à l’Association Centre de développement pour l’éducation et la formation, malgré l’approbation de son projet par la commission culturelle et sociale, concernant la sixième édition du festival national de théâtre qu’elle a organisé durant cette saison culturelle.

Idriss Taiti, président de l’association, a déclaré dans un entretien que le projet remplissait toutes les conditions légales et administratives. L’association a respecté toutes les procédures requises et a communiqué officiellement avec la commune de Kénitra à chaque étape de l’organisation du festival.

Taiti a mentionné que l’association a reçu une demande du président de la commission culturelle de soumettre soixante invitations au conseil, dont l’une était destinée à la présidente de la commune, et que le logo de la commune a été intégré sur tous les supports et annonces officielles, en tant que partenaire institutionnel de l’événement.

Il a également noté que des représentants de la commune avaient assisté à l’ouverture et à la clôture du festival, où ils avaient pris la parole. « La surprise a été de ne voir aucun montant du soutien validé alloué, sous prétexte d’un problème administratif », a-t-il précisé.

Taiti a ajouté : « L’association s’est retrouvée dans un véritable dilemme financier et a dû couvrir les coûts du festival par des dettes et des prêts, simplement pour préserver sa crédibilité face au public et aux partenaires. »

Cette situation soulève, selon les observateurs, une question plus profonde concernant l’absence d’une politique culturelle claire à Kénitra, ainsi que le manque de coordination entre la commune et les associations actives, notamment celles qui adoptent une approche professionnelle et respectent les cahiers des charges.

Bien qu’un soutien soit prévu chaque année dans le budget de la commune, les modalités de son attribution restent critiquables. Certains acteurs se plaignent de l’absence de critères clairs et d’un favoritisme envers certaines associations, négligeant celles qui œuvrent réellement sur le terrain.

Taiti affirme dans son discours que l’association fera appel à tous les canaux juridiques pour revendiquer son droit, non pas par intérêt financier, mais pour défendre la dignité de l’acteur associatif et pour faire reconnaître les efforts déployés par les associations sérieuses pour animer la vie culturelle de la ville.

Dans ce contexte, des appels sont de nouveau lancés pour reconsidérer la manière dont le travail culturel est soutenu à Kénitra, afin d’assurer une gouvernance réelle dans sa gestion, garantissant l’équité envers les associations impliquées et ouvrant de nouvelles perspectives à l’action culturelle indépendante, au lieu de perpétuer le découragement et l’accumulation des crises.

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