NAJIBA JALAL/
Un nouveau palier vient d’être franchi dans le feuilleton inquiétant des dérives radicales diffusées en ligne. Dans un enregistrement sonore récemment rendu public, Hicham Jerando, activiste controversé désormais bien connu pour ses attaques virulentes contre les institutions marocaines, va jusqu’à proférer des menaces de mort explicites contre le Directeur général de la sûreté nationale, M. Abdellatif Hammouchi.
Mais le plus alarmant dans cette séquence n’est pas seulement la violence verbale. On y entend également Jerando évoquer une coordination active avec des interlocuteurs qu’il présente comme étant des voix “du Rif”, au sein d’un discours ponctué de revendications confuses et de justifications délirantes. Ces échanges laissent entrevoir une intention préméditée d’enlèvement, doublée d’un projet de mise en scène macabre, dans lequel il est question de filmer et d’exhiber le directeur général de la DGSN.
Ces éléments constituent bien plus qu’un simple débordement verbal. Ils confirment l’existence d’une logique subversive organisée, aux relents factieux, que les services de sécurité marocains ont déjà commencé à documenter depuis plusieurs mois. Cette cellule informelle, jusque-là perçue par certains comme une agitation numérique marginale, dévoile à présent sa véritable nature : un groupe à visée déstabilisatrice, utilisant les ressorts de la victimisation identitaire et du complotisme pour couvrir un projet politique dangereux.
Une stratégie de rupture, nourrie par la haine
Ce qui frappe dans l’enregistrement, c’est la froideur avec laquelle Jerando déroule son propos : le vocabulaire de la menace y est assumé, structuré, récité presque comme un plan d’action. Il ne s’agit plus d’un cri de colère isolé, mais d’un discours de rupture méthodique, où l’État est désigné comme ennemi à abattre, et ses institutions comme cibles légitimes.
L’invocation de la région du Rif dans cette rhétorique n’est pas anodine. Elle révèle une tentative de mobiliser, ou de prétendre mobiliser, un imaginaire de fracture territoriale, en se posant en chef de file d’un soulèvement fantasmé. C’est une instrumentalisation grave de la mémoire collective de la région, détournée ici pour justifier des actes criminels.
Une menace contre la stabilité nationale
L’affaire ne saurait être réduite à une énième sortie provocatrice. Elle concerne la sécurité nationale dans ses fondements les plus sensibles. Lorsqu’un individu en cavale, se sentant manifestement protégé par son éloignement physique, en vient à élaborer à voix haute un projet de rapt contre un haut responsable sécuritaire du Royaume, nous ne sommes plus dans le registre de l’opinion, mais dans celui de l’appel à l’action criminelle organisée.
Les institutions judiciaires et policières auront à cœur de traiter ce dossier avec le sérieux requis. Mais il est nécessaire que l’opinion publique, les médias et les acteurs de la société civile prennent la pleine mesure du danger. La dérive numérique ne produit plus seulement de la confusion : elle engendre désormais des projets de violence, des alliances douteuses, et une tentative de saborder l’unité nationale.
En conclusion : nommer les choses
Il est temps de nommer les choses telles qu’elles sont. Nous ne sommes plus devant un « youtubeur provocateur », mais face à un discours séditieux structuré, nourri de ressentiment, de mythomanie et de haine, et relayé auprès de publics fragilisés. Le dernier enregistrement ne laisse plus place au doute : une cellule subversive existe, elle coordonne, planifie, et cible les piliers de l’État.
Face à cela, il ne saurait y avoir ni silence, ni relativisme. La loi doit être appliquée. Et l’écoute des services de sécurité, qui avaient depuis longtemps mis à nu les contours de cette entreprise, s’en trouve aujourd’hui confirmée par la bouche même de celui qui croyait pouvoir menacer impunément.
L’alerte est désormais publique. Reste à ce que chacun, à son niveau, se montre à la hauteur du moment.