Le ministre de l’Insertion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences, Younes Sekkouri, a révélé que le programme de soutien social direct pose de grands défis aux efforts d’insertion professionnelle et de lutte contre le chômage. Il a confirmé qu’une partie des bénéficiaires refuse de s’intégrer dans le marché du travail formel, craignant de perdre ce soutien.
Lors d’une présentation devant la Commission des secteurs sociaux à la Chambre des représentants, mercredi 2 juillet 2025, Sekkouri a expliqué que nombreux sont ceux qui évitent de s’inscrire à la Caisse nationale de sécurité sociale et préfèrent travailler dans le secteur informel, où les salaires atteignent jusqu’à 23 dirhams de l’heure, ce qui impacte négativement l’économie nationale.
Le ministre a souligné que cette réalité crée une pression sur les employeurs, particulièrement dans un contexte où les salaires pouvant être offerts de manière légale sont limités. Il a déclaré : « Lorsqu’un client étranger visite l’une des usines, il ne trouve pas le nombre adéquat de travailleurs, ce qui nuit à la performance économique et à la compétitivité. »
Il a remis en question la capacité des administrations publiques à saisir ces indicateurs, pour conclure que non. Il a ajouté qu’il avait lancé, il y a trois mois, un programme parallèle au programme officiel visant à écouter les politiciens, les parlementaires, les hommes d’affaires et les chômeurs afin de comprendre des phénomènes que les politiques publiques actuelles ne prennent pas en compte.
Sekkouri a abordé la réalité de l’emploi dans certains quartiers à forte densité de population, comme le quartier Rahma à Casablanca, en précisant que la baisse du taux de chômage au niveau national au premier trimestre de l’année en cours et la création de 300 000 postes de travail (dont 282 000 postes nets selon le Haut-Commissariat au Plan) ne reflètent pas la situation de ces quartiers, où les jeunes refusent de se déplacer vers des zones d’emploi comme Berrechid ou Agadir, préférant rester près de leurs familles et se sentir à l’aise.
Il a affirmé : « J’ai visité des usines à Berrechid et je les ai trouvées presque vides de travailleurs. » Il a insisté sur le fait que le problème du chômage n’est pas lié à un manque d’opportunités d’emploi, mais plutôt à un déséquilibre entre la répartition géographique des opportunités et les préférences des jeunes.
Il a précisé que certaines régions proposent des offres d’emploi dont les salaires ne couvrent pas le coût de la vie, tandis que dans des zones comme l’Oriental, où le chômage est plus élevé, de telles opportunités font défaut, ce qui complique encore la situation.
Le ministre a affirmé que la nouvelle feuille de route gouvernementale en matière d’emploi a conclu à la nécessité de revoir le Code du travail comme condition fondamentale pour traiter le problème du chômage, faisant remarquer que les jeunes sans diplôme n’acceptent pas de faibles rémunérations à moins qu’ils ne vivent près des lieux de travail.
En conclusion de son intervention, Sekkouri a indiqué que son ministère travaillait en coordination avec le ministère de l’Éducation nationale pour lutter contre le décrochage scolaire à travers le programme « Deuxième chance », qui n’a jusqu’à présent porté ses fruits qu’à hauteur de 20 000 bénéficiaires. Il a plaidé pour une planification proactive et un renforcement de l’intégration des politiques afin de réduire le chômage des jeunes et d’améliorer le niveau d’insertion professionnelle.