Dans son discours d’ouverture du 23e forum sur la stabilité financière islamique, qui s’est tenu le jeudi 3 juillet 2025 à Rabat, le ministre des Habous et des affaires islamiques, Ahmed Toufiq, a souligné que le traitement des intérêts dans les prêts doit être compris dans le cadre du contrat et du consentement, c’est-à-dire dans un contexte législatif garantissant la justice, plutôt que comme une question purement religieuse. Il a précisé qu’un prêt, lorsqu’il devient un moyen d’exploitation, nécessite une intervention de l’État, en tant que garant de la justice financière, pour protéger les emprunteurs contre l’oppression à travers des institutions et des législations dissuasives.
Toufiq a affirmé que le Maroc s’est engagé sérieusement dans le développement de la finance islamique, grâce à un partenariat efficace entre Bank Al-Maghrib et le Conseil supérieur des oulémas; cette coordination a contribué à l’intégration des acteurs financiers dans un cadre réglementaire conforme aux réalités des transactions modernes. Il a également noté que l’ouverture des savants face aux défis du secteur financier contemporain et l’implication des institutions bancaires dans ce modèle témoignent de la maturité de l’expérience marocaine dans ce domaine.
Le ministre a abordé l’aspect philosophique du rejet de l’usure, citant un texte du philosophe grec Aristote intitulé « L’argent ne produit pas » qu’il avait étudié à l’université dans les années 1970, où il critiquait les prêts usuraires à Athènes comme une forme d’asservissement des débiteurs. Il a ajouté que le Coran a par la suite interdit l’usure, non seulement parce qu’elle est strictement prohibée, mais aussi parce qu’elle perpétue l’injustice sociale et contredit le principe de justice, qui est au cœur de la charia.
Toufiq a également mentionné que, dans la perspective islamique, la richesse n’est pas une fin en soi, mais un moyen d’atteindre la solidarité et la justice, mettant en garde contre la transformation de l’argent en outil d’accumulation ou de domination. Il a appelé à prendre en considération la dimension spirituelle de toutes les transactions financières, affirmant qu’il est impératif de ne pas laisser les individus agir sur l’argent en dehors des normes de bienveillance et de justice, car cela ouvre la porte à l’exploitation et à la corruption.
Il a jugé nécessaire que l’État intervienne pour réguler le marché financier, à travers des cadres réglementaires et des institutions de contrôle, afin de garantir l’équilibre et de protéger les groupes vulnérables des pratiques cupides. Il a conclu en soulignant que la gestion de la richesse doit être conforme aux objectifs supérieurs de la charia, la considérant comme un dépôt qui ne doit pas être laissé aux imprudents ou aux manipulateurs, mais qui doit être utilisé au service de la société et pour réaliser la justice économique.