Benkirane entre Karbala et Téhéran : Quand le fauteuil se mue en doctrine

Benkirane entre Karbala et Téhéran : Quand le fauteuil se mue en doctrine

- in Société

Dans le contexte marocain, certaines voix commencent à soulever à nouveau la poussière que le pays tentait d’effacer après une décennie de désordre et de division. Abdelilah Benkirane, évincé par les urnes, n’a pas encore accepté que la donne a changé, et que la rue n’est plus prête à accueillir ceux qui jouent avec ses slogans. Aujourd’hui, il réapparaît avec un discours tendu, chargé de contradictions, se redéfinissant sur une seule base : “moi ou personne”.

L’homme ne propose pas de programme, ni d’alternative. Tout ce qu’il viserait est de restaurer un siège perdu, même si cela implique de perturber la scène politique ou de présenter une image troublée du Maroc à l’étranger. Il évoque des élections anticipées, s’empare du dossier de la confiance, brandit la menace de crise, comme si la stabilité du pays n’était qu’un simple outil qu’il pourrait utiliser à sa guise, menaçant de le retirer dès qu’il perd son positionnement.

C’est dans ce climat que la journaliste Najiba Jalal, à travers son émission “Hadith al-Kanaba”, a décortiqué ce discours. Elle ne s’est pas contentée de présenter les déclarations ; elle les a mises en contexte politique et idéologique. Elle a établi un lien entre le langage de la provocation qu’utilise Benkirane et des mouvements calculés émanant de son entourage, profitant de la symbolique de la rue, évoquant le discours de Karbala, et s’associant à des agendas dépassant les frontières.

Jalal a clairement révélé comment le Parti de la justice et du développement a ouvert ses portes à des figures religieuses et médiatiques connues pour inciter à l’opposition contre les régimes stables de la région. Des personnalités qui adoptent un discours sectaire et incitatif, attaquant l’Égypte et l’Arabie Saoudite, plaidant pour une alliance ouverte avec l’Iran, dans le cadre d’un projet régional visant à saper la stabilité au nom de la résistance. Dans ce tableau, il n’existe aucune crainte de la part de Benkirane, mais plutôt une bénédiction tacite, et un investissement politique dans ce courant.

Le danger réside dans le fait que ces initiatives ne se déroulent pas en dehors de la réalité intérieure, mais s’effectuent parallèlement à une tentative de semer le doute au sein des institutions, et à rallumer un discours de discordes. Nous faisons face, comme en 2011, à une version déformée, qui se ravive avec tous ses outils, mais cette fois-ci, avec une charge idéologique plus périlleuse et des liens extérieurs plus évidents.

Les Marocains ont rejeté ce projet lorsqu’ils ont voté contre, dépassant la logique de l’extrême polarisation et des slogans creux. Cependant, l’expérience montre que les tenants de ce discours ne se rendent pas facilement. Ils ne cherchent pas à gagner la confiance du peuple, mais à s’imposer comme une réalité, même au prix du désordre.

Le défi d’aujourd’hui ne repose pas uniquement sur la vigilance de la rue, mais également sur celle des institutions. Car ceux qui considèrent la patrie comme un simple théâtre, et le fauteuil comme un but sacré, ne s’arrêtent pas aux lignes rouges, ni ne reconnaissent la défaite.

Loading

You may also like

Nouvelle partenariat stratégique pour la fabrication de la structure de l’avion électrique VX4 avec une contribution marocaine

Une nouvelle collaboration stratégique pour la fabrication de