CDM Pay – Quand le Crédit du Maroc se rêve architecte de l’économie dématérialisée

CDM Pay – Quand le Crédit du Maroc se rêve architecte de l’économie dématérialisée

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Dans un Royaume où le billet froissé reste encore la norme des transactions quotidiennes, le Crédit du Maroc entend bousculer les habitudes, en injectant une dose de numérique dans les veines d’une économie encore trop dépendante du cash. Le moyen ? Une nouvelle filiale au nom évocateur : CDM Pay. Derrière cette création, une ambition assumée : être le fer de lance de la transition financière digitale, au service des indépendants, commerçants et professions libérales. Et, accessoirement, capter de nouveaux flux longtemps restés hors radar.

Le terminal comme totem d’un Maroc nouveau

L’heure est à la reconquête. CDM Pay se présente comme l’outil d’un aggiornamento économique : réduire l’usage du liquide, moderniser les paiements, et surtout, ancrer des millions de transactions dans les circuits formels. Il ne s’agit plus simplement de vendre des terminaux ou d’activer des applications. Il s’agit d’accompagner un basculement culturel, d’incarner un changement d’époque. Le tout avec la bénédiction de Bank Al-Maghrib, qui a donné son agrément comme on appose un sceau de noblesse.

La filiale ne lésine pas sur les moyens : terminaux classiques, solutions Soft POS pour transformer les smartphones en caisses mobiles, plateformes de paiement en ligne pensées pour la fluidité, la sécurité, et surtout, la traçabilité. Ce n’est pas qu’une offre commerciale. C’est une vision. Ou du moins, une tentative.

Une inclusion financière… sous contrôle

Car sous le vernis technologique, pointe une opération bien plus stratégique. CDM Pay se veut le bras armé de l’**inclusion financière. Terme flatteur, certes, mais qui ne saurait masquer l’autre réalité : récupérer les flux de l’informel, les canaliser, les numériser, les fiscaliser. Une manœuvre légitime dans un pays où l’économie parallèle pèse lourd, très lourd, dans les équilibres invisibles.

La promesse est séduisante : accompagnement personnalisé, tarification ajustée, experts dédiés. Mais les commerçants du souk, les artisans des ruelles de Fès ou les vendeurs de Derb Ghallef ne se laisseront pas forcément séduire par une tablette tactile et un jargon d’experts. Car pour beaucoup, l’usage du cash est moins un archaïsme qu’un rempart, une stratégie de survie face aux labyrinthes administratifs.

De la banque au big data : vers une nouvelle cartographie du pouvoir économique

En réalité, CDM Pay ne fait pas que proposer un service. Il redessine, à bas bruit, une nouvelle cartographie du pouvoir économique. Chaque paiement numérisé, chaque transaction tracée, devient un point dans un vaste nuage de données. Le Maroc de demain sera digital ou ne sera pas – mais il sera aussi connecté, codifié, corrélé, au risque de laisser de côté ceux que la technologie effraie ou marginalise.

Alors oui, l’effort est louable. Il fallait un acteur majeur pour porter cette mue. Le Crédit du Maroc a levé la main. Mais que personne ne s’y trompe : derrière les terminaux flambant neufs, c’est un autre contrat social qui se dessine. Moins visible, plus fluide, mais ô combien structurant.

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