Le journalisme qatari entre argent et sport : l’affaire Achraf Hakimi comme exemple

Le journalisme qatari entre argent et sport : l’affaire Achraf Hakimi comme exemple

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Le traitement par le réseau qatari « Bein Sports » du sujet du Ballon d’Or a suscité un large débat en raison de son parti pris manifeste dans la couverture de l’événement, en omettant des noms importants, dont le Marocain Achraf Hakimi. Cette position met en lumière une crise profonde que traverse le journalisme sportif lorsqu’il se transforme en un outil de propagande au service des intérêts financiers, plutôt que d’être une plateforme professionnelle et neutre.

L’historique des relations entre le sport et le capital montre que le moment de « l’alliance » entre les deux a été décisif. Depuis des décennies, les penseurs du mouvement olympique ont averti des dangers liés à la tentation du marché, mais la domination économique a franchi les limites éthiques du sport, l’entraînant dans une logique exclusivement commerciale. Le journalisme sportif, en tant que partie intégrante de ce système, ne se limite plus à transmettre l’information ou à offrir un espace de débat ; il est devenu un maillon de la chaîne de production de spectacles orientés selon les intérêts des annonceurs et des sponsors.

Dans ce contexte, « Bein Sports » représente un exemple flagrant. Ce réseau, doté de moyens considérables, a choisi d’opter pour une publicité ciblée qui ne sert ni l’audience ni ne respecte les normes d’indépendance. Sa couverture récente du Ballon d’Or a mis en avant des noms privilégiés, comme Ousmane Dembélé et Lamine Yamal, tout en reléguant des joueurs de la stature d’Achraf Hakimi au second plan. La conséquence n’est pas seulement une erreur professionnelle, mais un signe que le réseau redéfinit ses priorités selon les exigences du marché, et non en fonction des valeurs sportives ou des principes journalistiques.

La perte ici n’est pas seulement celle de Hakimi ou de tout joueur ignoré, mais surtout celle de la crédibilité de l’institution médiatique elle-même. Lorsque les médias abandonnent leur objectivité et se transforment en instruments de promotion, ils perdent leur éclat professionnel et deviennent partie intégrante d’une machine à manipuler l’opinion publique.

L’affaire Hakimi révèle que le véritable combat se situe désormais non seulement sur le terrain, mais aussi dans les salles de rédaction et les studios de diffusion. La question se pose alors : la sportivité peut-elle retrouver sa dimension humaine et éthique à une époque où le capital impose son agenda à tous ?

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