Les systèmes de retraite au Maroc sous pression continue malgré une amélioration temporaire
Le douzième rapport annuel sur la stabilité financière pour l’année 2024 a révélé une situation préoccupante des systèmes de retraite au Maroc, malgré quelques améliorations temporaires dans des indicateurs financiers limités.
Le rapport, publié par Bank Al-Maghrib, l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale, ainsi que l’Autorité marocaine du marché des capitaux, souligne que ces systèmes continuent de souffrir de déséquilibres structurels qui mettent en péril leur durabilité, notamment en raison de l’augmentation des engagements et de la baisse des réserves.
Les systèmes de retraite de base ont continué d’enregistrer un déficit technique et structurel en 2024, malgré la mise en œuvre de la première phase des augmentations salariales suite au dialogue social du 29 avril. Ces augmentations n’ont contribué qu’à atténuer temporairement la pression financière, sans garantir un équilibre à long terme.
Le système des retraites civiles (CMR-RPC) a enregistré la situation la plus fragile, avec une baisse de ses réserves à 57,4 milliards de dirhams à la fin de l’année 2024, soit une diminution de 7,1 % par rapport à 2023. Ce système a connu une tendance à la baisse avec un taux moyen de 6,4 % par an au cours des cinq dernières années. Le déficit technique cumulé de ce système s’élève à 60,3 milliards de dirhams depuis son premier déficit en 2014, dont 35,3 milliards de dirhams uniquement au cours des cinq dernières années.
Ce phénomène d’érosion des réserves a été accompagné d’une lenteur des réformes structurelles, rendant l’équilibre financier dépendant d’interventions ponctuelles, qui n’ont fait que pallier les problèmes du système ou recourir à un soutien temporaire de l’État. Le rapport indique que les modifications des conditions d’accès aux retraites ou de récupération des cotisations au sein du système de sécurité sociale, bien qu’elles visent à élargir la couverture, menacent l’équilibre financier de ce système à long terme.
Le rapport souligne qu’une réforme profonde est devenue une nécessité urgente, appelant à la mise en place d’un système bipolaire réunissant un pôle public et un pôle privé, pour partager les risques et garantir l’équité entre les générations. Les grandes lignes de cette réforme ont été établies dans le cadre de l’accord de dialogue social de 2024, visant à instaurer une tarification équitable, réduire le déficit non financé et assurer la durabilité du financement.
Par ailleurs, le rapport met en lumière la limitation de la diversification de la structure d’investissement des réserves des systèmes de retraite. Il précise que les dépôts du Fonds national de la sécurité sociale à long terme auprès de la Caisse de dépôt et de gestion s’élevaient à 66,2 milliards de dirhams, tandis que les investissements des autres fonds se répartissaient entre des obligations à rendement fixe à 54,3 %, des actions et parts à 34,3 %, et des investissements immobiliers à 10,3 %. Cela souligne la nécessité d’une révision des stratégies d’investissement pour garantir des rendements stables, soutenant ainsi la capacité de ces systèmes à faire face à des obligations croissantes.