Dans le contexte des transformations régionales et internationales rapides, la lettre adressée par le président américain Donald Trump à Sa Majesté le roi Mohammed VI à l’occasion du 26e anniversaire de la Fête du Trône représente un moment politique décisif, affirmant que la question du Sahara marocain n’est plus un sujet de conflit négociable, mais une affaire réglée, avec la reconnaissance par la plus puissante nation du monde de la souveraineté du Maroc sur ses provinces sud.
Cette missive va au-delà des conventions diplomatiques habituelles et confirme la continuité de la position de l’administration américaine, annoncée en 2020, lorsque les États-Unis ont reconnu, pour la première fois de leur histoire, la souveraineté pleine du Maroc sur le Sahara. La nouveauté dans le contenu de cette lettre ne se limite pas à une simple réaffirmation ; elle inclut le renforcement de cette position en la liant aux fondements de la politique étrangère américaine envers la région, notamment en matière de coopération sécuritaire, de lutte contre le terrorisme et de promotion de la stabilité régionale.
Lorsque Trump indique dans sa lettre que l’initiative d’autonomie proposée par le Maroc est la seule solution sérieuse et crédible pour résoudre le conflit, il ne s’agit pas de son opinion personnelle, mais d’une conviction ferme au sein des institutions de décision américaines. Cette position remet en question toutes les thèses séparatistes et met un terme définitif à toute interprétation erronée du processus de négociations onusiennes, qui ne vise plus à rechercher un règlement entre deux parties, mais à trouver une formule pour activer l’autonomie sous la souveraineté marocaine.
La lettre a de multiples dimensions. D’abord, elle traduit un refus explicite de toute option politique en dehors du cadre que le Maroc a défini. Ensuite, elle constitue une forme de pression préventive en vue des discussions à venir au Conseil de sécurité de l’ONU en octobre, où les États-Unis devraient jouer un rôle central dans la formulation de la prochaine résolution onusienne concernant le Sahara. Enfin, elle s’adresse indirectement à l’Algérie, dans un timing sensible qui coïncide avec les efforts régionaux de David Boulous, conseiller de Trump pour les affaires d’Afrique du Nord, qui a récemment visité l’Algérie en attendant de se rendre au Maroc.
L’impact politique de cette lettre dépasse son aspect symbolique. Elle intervient à un moment où la compétition géopolitique dans la région se renforce et où les enjeux des grandes puissances concernant l’influence en Afrique du Nord et de l’Ouest se multiplient. Dans ce contexte, la position américaine reflète une prise de conscience croissante du rôle que joue le Maroc en tant qu’acteur régional fiable, capable d’assurer la stabilité, de lutter contre l’extrémisme et de présenter un modèle de développement dans un environnement régional fragile.
La lettre confirme que la question du Sahara n’est pas une carte à négocier, mais un enjeu de souveraineté. Aujourd’hui, le Maroc ne défend pas simplement son droit, il l’impose par la reconnaissance, la diplomatie et les partenariats stratégiques. Ceux qui s’intéressent au parcours du dossier du Sahara au cours des vingt dernières années comprendront que le Maroc n’a pas seulement opéré des transformations sur le terrain, mais a imposé une réalité juridique et diplomatique qu’il n’est plus possible d’ignorer.
En ce sens, il est impossible de lire la lettre de Trump en faisant abstraction des progrès accumulés par le Maroc grâce à une politique extérieure à la fois calme et ferme, reposant sur une légitimité historique et juridique, soutenue par une réalité de terrain et de développement dans les provinces sud. Ce n’est pas simplement un message protocolaire, mais une prise de position claire dans un cadre régional géré aujourd’hui selon de nouveaux critères, régis par le soft power, la clarté des positions et la détermination des choix.