Sur les rives de la Méditerranée, où la mer rencontre un horizon sans fin, se dresse Saïdia avec son double visage : une beauté naturelle qui captive les regards et une expérience touristique pleine de contradictions. La ville, souvent qualifiée de « perle de l’Orient », semble aujourd’hui le théâtre d’une lutte silencieuse entre le bleu tranquille de ses eaux et ses prix élevés, entre la promesse de détente et la déception des plaintes.
Dans ce rapport, nous plongeons dans les détails de la scène estivale de la ville, entre les récits des visiteurs divisés entre ceux admirant sa beauté et ceux frustrés par la désorganisation de ses intermédiaires, et entre des professionnels réfutant les accusations d’exagération, et des responsables affirmant que la situation est sous contrôle. Ici, à Saïdia, se croisent les histoires pour créer une image d’une ville qui cherche encore son équilibre entre le charme de la nature et les exigences d’un tourisme organisé.
La beauté de la ville… une plage ouverte et un calme qui tranche avec celles des autres villes. On ne peut nier ce que Saïdia offre de paysages magnifiques qui lui ont valu le titre de « perle de l’Orient ». La ville s’étend le long d’une plage de sable fin, considérée parmi les plus longues et les plus propres de la côte marocaine. Ses eaux turquoise, son immensité, et son calme en font un endroit propice pour les familles cherchant à se détendre, loin du vacarme des autres villes.
Son nouveau front de mer est équipé de larges promenades pour la marche et le vélo, et de zones de détente bien aménagées. On y trouve également la « Marina de Saïdia », avec un port récréatif reflétant de lourds investissements dans le tourisme maritime. La ville est entourée d’espaces verts, d’aire de jeux pour enfants, et de marchés locaux en plein essor.
Même ses frontières orientales deviennent un point d’attraction, où les visiteurs se dirigent vers le poste frontalier fermé avec l’Algérie juste pour prendre des photos rares de l’extrême est du royaume.
Des paysages envoûtants… et une expérience déséquilibrée. Dans une des ruelles perpendiculaires au front de mer, Jawad, un père de famille de Salé, s’apprête à quitter l’appartement qu’il a loué pour trois jours. « L’appartement m’a coûté 600 dirhams la nuit, un prix raisonnable comparé à l’été dernier. Mais la nourriture ici est un vrai problème. Un repas ordinaire pour une famille peut dépasser 300 dirhams, et la qualité n’est pas au rendez-vous », dit-il, portant un sac de refroidissement contenant de l’eau et des provisions qu’il a préparées lui-même.
Mohamed, un Marocain vivant en France, a visité la ville pour la première fois depuis cinq ans. « Une chambre dans un bon hôtel à 500 dirhams, c’est un prix très acceptable. Mais les restaurants doivent être revus, le service est moyen à mauvais, la saveur fait défaut. Dans d’autres villes, pour ce prix-là, on a une bien meilleure expérience », commente-t-il en consultant les avis de quelques restaurants sur son téléphone.
Le coût élevé et les plaintes… les familles à revenu modeste en sont les victimes. Fadwa, mère de trois enfants de Marrakech, raconte son expérience difficile au début des vacances : « Le premier appartement était à 350 dirhams, mais nous avons trouvé de la saleté partout. Pas de toilette propre, pas de ventilation, nous avons dû changer. » Plus tard, elle a payé 600 dirhams la nuit pour un autre appartement après avoir dû naviguer entre de nombreux intermédiaires. « Les intermédiaires sont des escrocs, ils te donnent un prix initial, et quand tu arrives, tu fais face à une autre réalité. Pas de lois, pas de contrôles. En tant que famille de cinq, Saïdia est devenue une option difficile pour nous. »
Les intermédiaires… le point noir de l’expérience des visiteurs. Bachir J., un habitant de Saïdia, affirme que « ce qui se dit sur la cherté des locations n’est pas exact. Les intermédiaires augmentent les prix en collusion avec certains propriétaires, et nuisent à la réputation de la ville, alors que beaucoup d’appartements sont proposés directement à des prix raisonnables ». Il insiste sur la nécessité de réguler ce secteur et de le protéger du désordre.
À l’entrée de la ville, la même scène se répète : des intermédiaires proposant des appartements à des prix attractifs qui, à l’inspection, changent rapidement. La plupart des visiteurs ne déposent pas de plaintes officielles et se contentent de partir en colère.
Les professionnels rétorquent : les prix sont stables… avec quelques abus individuels. Dans un hôtel classé, un membre de l’accueil explique : « Le nombre de visiteurs est inférieur à celui des années précédentes, mais nous n’avons pas augmenté les prix. La nuit dans l’hôtel commence à 450 dirhams, et nous offrons un service complet ».
De l’autre côté du front de mer, dans un restaurant populaire, le propriétaire se défend : « Parler de l’augmentation des prix est une injustice pour les restaurants qui travaillent consciencieusement. Oui, certains augmentent les prix sans raison et offrent une qualité médiocre, mais nous ne sommes pas tous ainsi. Les autorités effectuent des contrôles réguliers », dit-il en désignant une liste des prix affichée derrière lui.
Des responsables : pas de hausse… la ville est prête pour la saison. Dans une tentative de comprendre la position des autorités locales, nous avons essayé de contacter le président de la commune, mais sans succès. Nous avons tenté de joindre un membre du conseil provincial de Berkane, mais son téléphone ne répondait pas. Nous avons alors pris contact avec un conseiller, qui a confirmé que la ville conserve son attrait touristique et que « l’attrait pour Saïdia n’a pas diminué, notamment de la part des Marocains de l’intérieur et ceux vivant à l’étranger, avec une forte augmentation prévue en août ».
Le porte-parole a précisé que des commissions mixtes surveillent en permanence les restaurants, cafés et infrastructures touristiques, signalant qu’il « existe une coordination efficace entre toutes les autorités pour réussir la saison estivale ». Concernant les critiques relatives aux prix élevés, il a déclaré que « parler de cherté est exagéré », soulignant que « le conseil communal et les autorités locales et provinciales ont mis toutes leurs ressources en œuvre pour assurer le confort des visiteurs et organiser de nombreuses activités tout au long de l’été ».
Des événements et de la sécurité… des points positifs dans une saison moyenne. Malgré les critiques concernant les prix et les services, il est impossible d’ignorer les aspects positifs qu’offre Saïdia cette saison. La ville vibre au rythme d’une série d’événements divers, allant d’expositions agricoles et commerciales qui attirent les visiteurs et leur permettent de découvrir des produits locaux, jusqu’à des activités culturelles et de loisirs dédiées aux familles et aux enfants, apportant une atmosphère vivante dans ses rues et sur son front de mer.
La commune a également aménagé des espaces pour les jeux d’enfants et des zones ouvertes pour les familles, contribuant à créer un environnement accueillant pour les estivants en quête de plaisir loin de l’agitation. De nombreux visiteurs affirment que ces ambiances confèrent à la ville un caractère différent par rapport aux saisons précédentes.
En matière de sécurité, les autorités déploient des efforts remarquables pour sécuriser les visiteurs et garantir la fluidité de la circulation en ville, où les forces de sécurité nationale sont largement visibles dans les différentes rues et points névralgiques, y compris sur le front de mer et dans les zones touristiques. Ces mesures ont renforcé le sentiment de sérénité parmi les estivants, tout en réduisant les incidents de désordre ou d’agressions saisonnières qui accompagnent souvent les périodes de forte affluence touristique.
Des professionnels du secteur touristique confirment que la présence policière forte et les mesures organisationnelles ont contribué à améliorer l’image de la ville aux yeux des visiteurs, bien que certaines contraintes liées aux prix et aux services persistent.
En somme, il semble que ces efforts constituent l’un des points lumineux d’une saison estivale moyenne, tout en confirmant que Saïdia a besoin d’un plan intégré alliant sécurité et activités récréatives d’une part, et régulation des prix et amélioration de la qualité des services d’autre part.
