AMAL FILALI/
Derrière l’apparente banalité d’un espace numérique d’échanges, le serveur Discord *« GENZ212 »* révèle aujourd’hui un visage inquiétant. Loin d’un simple forum de discussion, il s’est progressivement mué en tribune d’incitation à la violence, où un nombre croissant de membres appellent sans ambages les manifestants à répondre par la force aux interventions des forces de l’ordre.
Le basculement est manifeste : certains instigateurs d’une rhétorique ouvertement hostile aux institutions sécuritaires n’hésitent plus à diffuser les portraits de plusieurs éléments des forces de l’ordre. Ils incitent, en outre, les membres de la communauté numérique à collecter des informations personnelles les concernant, jusqu’à exiger la révélation de leurs adresses. Une telle pratique, assimilable à une chasse à l’homme, équivaut à une mise en danger délibérée de fonctionnaires investis d’une mission régalienne.
Comme pour sceller cette escalade, une nouvelle rubrique, créée ce lundi sous l’intitulé sans équivoque *« violence-log »*, s’est imposée comme un foyer de radicalisation virtuelle. On y trouve des appels directs à l’usage de la violence, renforcés par des schémas détaillés expliquant la fabrication de cocktails Molotov. Derrière la façade de « tutoriels », ces contenus traduisent la volonté assumée de transformer une contestation en confrontation armée.
Cette dérive soulève des interrogations profondes : quel rôle jouent les plateformes numériques dans la dissémination de discours extrémistes ? Quelle responsabilité incombe à leurs gestionnaires lorsque l’incitation à la violence se normalise et se propage ? À l’abri de l’anonymat et porté par la viralité, ce terreau numérique alimente une radicalisation dont la transposition dans le réel pourrait avoir des conséquences irréversibles.