Du commerce à l’investissement commun : la partnership maroco-turque évolue vers une nouvelle étape

Du commerce à l’investissement commun : la partnership maroco-turque évolue vers une nouvelle étape

- in Economie

Le Maroc a récemment accueilli Mustafa Tozku, le vice-ministre turc du Commerce, à la tête d’une délégation comprenant plus de vingt entreprises provenant de divers secteurs industriels et de production. Cette visite fait suite aux discussions menées en juin dernier à Ankara par Omar Hajiri, secrétaire d’État chargé du commerce extérieur, avec des responsables turcs, et marque une nouvelle étape dans les relations économiques entre Rabat et Ankara.

Le Maroc est devenu, ces dernières années, un axe économique incontournable dans la région. Il ne se limite plus à être un marché périphérique, mais apparaît comme un acteur clé sur la scène internationale. Sa situation géographique et son réseau d’accords commerciaux avec l’Union européenne, les États-Unis et l’Afrique en font une porte d’entrée essentielle pour quiconque souhaite s’implanter sur le continent africain.

La présence d’une délégation turque de cette ampleur témoigne de la reconnaissance par Ankara de cette position stratégique. C’est ce qu’a affirmé Ehab El-Kiyali, écrivain et analyste politique spécialisé dans les affaires turques, lors d’une déclaration exclusive au journal « Express TV ». Selon lui, « la Turquie voit en le Maroc un partenaire qui équilibre la proximité avec l’Europe et l’ouverture sur les profondeurs africaines ». Il a ajouté que « la coopération ne repose plus uniquement sur le commerce, mais a évolué vers une phase d’investissement commun, renforçant ainsi la position conjointe de la Turquie et du Maroc en Afrique ».

Cependant, le volet commercial demeure l’une des principales préoccupations entre les deux pays. Depuis la signature de l’accord de libre-échange en 2006, Ankara en a davantage profité que Rabat, poussant le Maroc à réexaminer l’accord en 2020 pour y introduire des modifications visant à protéger ses industries nationales. Aujourd’hui, Rabat réclame une avancée supplémentaire en élargissant la liste des produits marocains pouvant accéder au marché turc sous des conditions préférentielles et en encourageant les investissements turcs directs dans le royaume.

El-Kiyali a souligné dans son entretien avec « Express TV » qu’« il existe une volonté claire d’initier des projets de production locale destinés à l’exportation, notamment dans les secteurs de la fabrication, des énergies renouvelables et des services logistiques », notant qu’Ankara comprend à présent que l’investissement au Maroc est plus rentable que de simplement lui exporter des produits.

Le récent dialogue entre le Maroc et la Turquie a abouti à l’établissement d’une feuille de route pour la coopération, englobant des secteurs tels que le textile, l’industrie automobile et ses composants, les industries alimentaires, les énergies renouvelables, le bâtiment et les matériaux de construction, l’aéronautique, ainsi que les technologies modernes. Les deux parties ont également convenu d’organiser des forums économiques communs, notamment un forum d’affaires prévu à Istanbul à la mi-novembre, dans le but de transformer les accords en projets concrets.

Le Maroc, pour sa part, cherche à renforcer sa présence industrielle et énergétique, tout en imposant des conditions qui garantissent une relation plus équilibrée. Cela reflète sa transformation en un acteur majeur capable de dicter les règles du jeu et de se positionner comme un partenaire incontournable.

Aujourd’hui, la réalité montre que le Maroc n’est plus simplement un point de passage dans les calculs des puissances internationales, mais qu’il est devenu une étape incontournable pour quiconque souhaite s’implanter en Afrique. La Turquie, comme la Chine et la France avant elle, doit admettre que le Maroc n’est pas un « acteur secondaire », mais un pivot central qui définit les règles du partenariat, se posant ainsi comme un partenaire incontournable dans l’équation de l’influence économique et géopolitique dans la région.

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