La pollution de l’air à Kénitra : des complications sanitaires et environnementales en attente de solutions

La pollution de l’air à Kénitra : des complications sanitaires et environnementales en attente de solutions

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La ville de Kénitra fait face à une crise environnementale croissante, illustrée par le phénomène de « la poussière noire » qui couvre les toits des maisons et les fenêtres, affectant directement la qualité de l’air. Ce phénomène n’est plus seulement un problème esthétique, mais constitue une véritable menace pour la santé des habitants, mettant en lumière le faible engagement environnemental du secteur industriel.

Les causes de cette crise résident dans l’accumulation des émissions industrielles, particulièrement de la centrale thermique au nord de la ville, des usines chimiques et des unités de fusion des métaux, ainsi que dans la circulation dense aux entrées de la ville et la combustion des déchets à l’air libre. Ces sources produisent des particules fines et des gaz polluants, notamment le dioxyde d’azote (NO₂), le dioxyde de soufre (SO₂), le monoxyde de carbone (CO), et les particules fines (PM₂.₅ et PM₁₀), qui impactent directement le système respiratoire et la santé cardiovasculaire.

Dans ce contexte, l’expert en environnement, Dr. Mustafa Benramel, a déclaré à « Express TV » que « l’augmentation des niveaux de pollution de l’air à Kénitra est liée à l’expansion industrielle massive et à la dépendance de la centrale thermique au fioul lourd, en plus de pratiques traditionnelles comme le brûlage de déchets ». Il a ajouté que l’impact de ces polluants ne se limite pas à l’homme, mais s’étend aux écosystèmes, y compris à la couverture végétale et aux zones humides, ce qui réduit la capacité de l’environnement local à absorber les polluants et augmente sa vulnérabilité.

Sur le plan sanitaire, le Dr. Jamal Bouzidi, spécialiste en pneumologie, a indiqué à « Express TV » que l’exposition continue aux polluants provenant des usines ou des sources domestiques, comme les déchets plastiques et chimiques, entraîne divers problèmes de santé. Il a souligné que les tempêtes de poussière inhabituelles aggravent ces risques, provoquant des irritations des yeux et des voies respiratoires, et pouvant entraîner des complications à long terme chez les personnes souffrant de maladies cardiovasculaires ou d’hypertension. De plus, les substances nocives dans l’air, y compris les agents cancérigènes et irritants, ont des effets néfastes sur le cœur et le système nerveux, augmentant les risques d’accidents vasculaires cérébraux ou de complications liées à la pression artérielle.

C’est pourquoi le Dr. Bouzidi a souligné l’importance des mesures préventives, notamment pour les groupes les plus vulnérables tels que les personnes âgées et celles souffrant de maladies chroniques. Il a précisé que rester à l’intérieur avec fenêtres et portes fermées durant les périodes de pollution de l’air ou de tempêtes de poussière réduit considérablement l’exposition aux polluants et limite les risques sanitaires en découlant.

D’un point de vue social et économique, le Dr. Benramel a averti que le maintien de la situation actuelle pourrait « affaiblir l’attractivité de Kénitra en tant que destination d’investissement et de tourisme, tout en impactant la qualité de vie quotidienne des habitants ». Il a donc insisté sur la nécessité d’adopter une stratégie globale incluant le transfert de la centrale thermique loin du tissu urbain, la restructuration de la décharge publique, un contrôle accru des unités industrielles, et l’expansion de l’investissement dans les transports durables et les espaces verts, pour garantir un environnement sain et sécurisé.

Les habitants eux-mêmes expriment leur mécontentement, affirmant que « la poussière noire n’est plus qu’une banalité quotidienne, mais s’est transformée en une menace directe pour leur santé et leur vie ». Les associations environnementales locales mettent en garde contre l’absence de toute mesure concrète, plaçant les autorités devant la responsabilité directe de rechercher des solutions urgentes et radicales.

Aujourd’hui, Kénitra fait face à un véritable test : continuer à ignorer la crise ou prendre des mesures fermes pour protéger l’environnement et la santé des habitants, tout en alliant une réponse environnementale immédiate avec des mesures de santé préventives et un plan durable pour réduire la pollution industrielle et les déchets.

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