Le Maroc s’apprête à marquer une avancée industrielle sur le continent africain en accueillant la première « Gigafactory » de batteries à Kenitra, financée par un investissement chinois de la société Gotion High-Tech d’une valeur avoisinant 5,6 milliards de dollars.
Les travaux préparatoires de l’usine ont déjà débuté, avec pour objectif de produire 20 gigawattheures par an d’ici 2026, et des projets d’expansion pour atteindre 100 gigawattheures. Cela permettra de créer environ 2 300 emplois lors de la première phase, un chiffre qui pourrait grimper à 10 000 postes par la suite.
La production sera destinée à répondre aux besoins du marché européen, en particulier pour des fabricants de voitures comme Renault et Stellantis, ainsi qu’aux marchés de stockage d’énergie en Afrique et au Moyen-Orient, riches en énergies renouvelables. L’usine se concentrera sur la fabrication de batteries et de ses composants principaux, y compris les électrodes positives et négatives.
### Importance du projet pour le Maroc
Cet investissement représente une véritable rupture dans la stratégie marocaine visant à diversifier son économie et à renforcer sa présence dans les secteurs industriels avancés, au-delà de son traditionalisme agricole et textile. Il contribue également à fortifier les chaînes d’approvisionnement régionales et confère au Maroc un avantage concurrentiel face à la demande mondiale croissante pour les batteries. En 2024, les exportations de l’automobile marocaine ont atteint 157 milliards de dirhams, dont 85 % étaient destinées à l’Union européenne, qui se prépare à interdire les véhicules à moteur thermique d’ici 2035.
### Une collaboration sino-africaine
Pour la Chine, ce projet constitue une démarche stratégique pour accroître son empreinte industrielle en Afrique, où ses entreprises étendent leurs investissements dans les secteurs de l’énergie, des infrastructures et des ports. Outre Gotion, d’autres sociétés comme BTR, CNGR, Hailiang et Shinzoom investissent également au Maroc, plaçant le royaume comme un centre régional prometteur pour la technologie verte.
Pour l’Afrique, cette usine est un modèle du passage de l’exportation des matières premières à une production industrielle intégrée générant une valeur ajoutée, en particulier dans des pays riches en minéraux comme la République Démocratique du Congo (cobalt), la Zambie (cuivre) et le Zimbabwe (lithium).
Ainsi, le Maroc confirme son rôle de pont économique entre l’Afrique, l’Europe et l’Asie dans le secteur de l’énergie propre, renforçant son rôle dans la création d’emplois, le transfert de technologies et l’affirmation de la présence du continent dans les industries mondiales émergentes.