L’innovation scientifique représente la pierre angulaire du développement des systèmes de santé sur le continent africain, comme l’ont souligné les intervenants lors d’un séminaire scientifique organisé vendredi soir à Laâyoune, dans le cadre du sixième congrès de la Société marocaine d’anesthésie, de réanimation et de traitement de la douleur (E-SMAAR).
Les intervenants ont mis en lumière les dernières avancées technologiques — de la médecine de précision, de l’imagerie médicale, de la médecine prédictive et préventive, de l’oncologie, de la technologie Blockchain et de l’intelligence artificielle — considérées comme des outils susceptibles d’améliorer les services de santé et d’en renforcer l’équité et l’efficacité.
Dans ce contexte, Bamba Gaye, directeur exécutif de l’Alliance pour la recherche médicale en Afrique, a insisté sur la nécessité d’adapter les algorithmes à la réalité africaine et de garantir la généralisation de l’utilisation des solutions numériques afin d’assurer un accès équitable aux services de santé, tout en soutenant les partenariats entre le secteur public et privé pour promouvoir l’innovation et les start-ups. Il a également souligné l’importance de la gouvernance éthique dans la gestion des données de santé, notamment en ce qui concerne la transparence algorithmique et la protection des données personnelles.
De son côté, Abdel Hakim Sanhaji, directeur du laboratoire des réseaux de communication au Canada, a souligné les grandes potentialités de la technologie Blockchain pour sécuriser les chaînes d’approvisionnement et créer des dossiers médicaux unifiés, ainsi que pour établir des systèmes de validation numérique fiables.
Pour sa part, Salah Eddine Qandli, directeur médical à l’institut suisse d’imagerie et de traitements guidés par l’image, a appelé à réinventer l’imagerie médicale en Afrique, en priorisant les techniques appropriées, moins coûteuses et faciles à déployer, tout en insistant sur l’importance de la contribution des compétences africaines à l’étranger dans le transfert de connaissances et d’expertises.
Nina Maaaynine, médecin spécialiste en pneumologie interventionnelle aux États-Unis, a mis l’accent sur les défis spécifiques liés au cancer du poumon en Afrique, où les facteurs de risque dépassent le tabagisme, englobant la pollution intérieure, le virus de l’immunodéficience, la tuberculose et les risques liés à la profession. Elle a appelé à lancer des projets pilotes basés sur l’intégration de l’imagerie mobile et de l’intelligence artificielle, ainsi qu’à créer des bases de données régionales sur les facteurs de risque.
Saber Boutib, directeur du Centre Mohammed VI de recherche et d’innovation, a souligné la nécessité d’intégrer la médecine de précision et de fournir un diagnostic ciblé et un suivi scientifique continue, appelant à une consolidation des ressources pour accélérer le développement. Dans le même esprit, Mohammed Ben Ahmed, ancien directeur de la recherche à l’Institut national français de la santé et de la recherche médicale, a souligné l’importance d’ancrer la médecine prédictive et préventive dans les systèmes de santé africains, en intégrant des unités spécialisées dans la formation médicale et en renforçant la recherche génomique locale tout en sensibilisant les communautés à l’importance de la santé préventive.
Cette rencontre a reflété une ambition commune de façonner une vision africaine unifiée pour la recherche et l’innovation, capable de construire un système de santé plus équitable, durable et technologiquement avancé.
Il est à noter que le congrès, organisé sous le patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, a rassemblé environ 160 experts provenant de 25 pays, à travers plus de 70 sessions scientifiques, constituant ainsi une plateforme de premier plan pour rassembler l’élite des spécialistes et des associations scientifiques marocaines et internationales dans le domaine de la santé.
