La taxe carbone européenne menace 60 % des exportations du Maroc.

La taxe carbone européenne menace 60 % des exportations du Maroc.

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60 % des exportations marocaines menacées par la taxe carbone européenne

Il est prévu que l’outil de l’ajustement carbone aux frontières (CBAM) entre en vigueur en janvier prochain. Cette mesure pourrait avoir un impact négatif sur les exportations du Maroc vers les pays de l’Union européenne, qui représentent 60 % du commerce extérieur du Royaume.

Cet instrument constitue un volet de la « Green Deal » européenne, visant à imposer des droits de douane sur les marchandises importées, telles que l’acier et le ciment, dont la production contribue aux émissions de dioxyde de carbone. Conformément à cette règle, les exportations destinées au marché européen devront supporter le coût de ces émissions polluantes.

L’objectif principal de cette mesure est de promouvoir une production plus respectueuse de l’environnement, de soutenir les objectifs climatiques de l’Union européenne et d’assurer la compétitivité des entreprises européennes, selon les déclarations des autorités de l’UE.

En septembre dernier, Abdulkader Amara, président du Conseil économique et social marocain, a appelé son gouvernement à accélérer les négociations avec l’Union européenne concernant ce mécanisme d’ajustement carbone. Lors d’une conférence de presse à Rabat, il a déclaré : « Il est urgent de débuter les discussions avec l’Union européenne pour obtenir l’approbation d’un système de vérification des émissions de gaz à effet de serre lié à l’outil d’ajustement carbone. »

Il a précisé que « l’Union européenne est le premier partenaire commercial du Maroc, et l’activation de ce mécanisme au début de l’année prochaine (2026) pourrait avoir des répercussions directes sur la compétitivité des exportations. » Amara a également noté que « le coût de mise à niveau des outils de production pour intégrer des solutions à faible émission de carbone reste élevé selon les industriels nationaux, surtout pour les petites et moyennes entreprises. »

Sur une autre note, l’économiste marocain Omar Kettani a indiqué dans un entretien avec l’agence Anadolu que « l’Union européenne tente d’imposer une taxe sur les matériaux qui contribuent à la pollution ; il est donc crucial de rechercher d’autres arguments lors des négociations avec l’Europe. » Il a considéré cette démarche comme une tentative de pression sur les exportations du Royaume.

Kettani a ajouté qu’il est nécessaire pour le Maroc de diversifier ses partenaires commerciaux, puisque l’UE représente plus de 60 % de son commerce extérieur. Il a déclaré : « Il faut se préparer à un avenir de l’économie marocaine en dehors du marché européen, de manière progressive et sur la base d’une stratégie visant à explorer d’autres marchés. »

Kettani a souligné l’importance de prendre en compte le rapport de force avec l’Europe et de chercher des leviers de pression dans tout processus de négociation. Il a critiqué la volonté de l’Union européenne d’imposer cette taxe au moment où le Maroc subit déjà un déficit commercial avec les pays de l’UE.

En août dernier, Eurostat a annoncé que le déficit commercial entre le Maroc et l’Union s’élevait à 500 millions d’euros au cours du premier semestre 2025. Les exportations de l’Union vers le Maroc ont atteint environ 2,8 milliards d’euros, tandis que les importations de produits marocains ont avoisiné 2,3 milliards d’euros.

Kettani a insisté sur la nécessité pour le Maroc de négocier sur la façon de réduire ce déficit, sans se limiter à la question du carbone. Il a également mis en garde contre le risque d’« extorsion » et a recommandé de rechercher des avantages européens si l’UE persiste à imposer la taxe.

En conclusion, il a réclamé une augmentation des droits de douane sur les produits en provenance de l’Union européenne pour rétablir l’équilibre commercial, en soulignant que l’UE bénéficie d’accords de pêche dans les eaux marocaines, ainsi que d’avantages en matière d’investissements étrangers, de visas pour les Européens et de facilités dans le commerce extérieur. Kettani a plaidé pour un examen objectif des relations économiques entre le Maroc et l’UE, afin de respecter les équilibres nécessaires à la réalisation d’intérêts communs.

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