Il existe une sorte d’épidémie qui s’immisce dans le corps de la presse, non seulement par les portes du pouvoir, mais aussi de l’intérieur du paysage médiatique lui-même. Le chemin vers le désordre est pavé de faux journalistes, soutenus par des armées de YouTubers et de gestionnaires de pages TikTok, qui ont trouvé dans les plateformes numériques un moyen rapide d’acquérir une influence dénuée de professionnalisme, d’éthique ou des exigences de la profession.
Dans ce contexte, il n’est plus caché que la plupart des comportements inappropriés qui nuisent à l’image de la presse proviennent de personnes qui n’ont aucun lien avec cette profession. Ils apparaissent dans les administrations, dépassent les files d’attente, cherchent des repas gratuits dans les hôtels et restaurants, ou tentent d’imposer leur présence en menaçant de diffuser des « live » qui pourraient nuire à une institution ou ternir la réputation d’un employé. Ce que nous voyons aujourd’hui n’est pas simplement le fait de comportements individuels, mais un phénomène reposant sur l’extorsion et l’arme des vues, transformant le téléphone en outil de pression au lieu d’un moyen de transmission de la vérité.
Il est devenu clair que l’autoritarisme n’est plus l’apanage de ceux qui détiennent le pouvoir. Il est devenu un comportement populaire pratiqué par quiconque a obtenu des abonnés ou des « likes », croyant que cela lui confère le droit de dominer les autres. Ces imposteurs et créateurs de contenu éphémère nuisent à la profession tout autant qu’à la société, laissant la porte ouverte à l’anarchie où tout devient permis au nom de la « liberté d’expression ».
Ainsi, la responsabilité de lutter contre ce dérèglement est devenue une nécessité pressante. Non seulement pour défendre la réputation de la presse, mais aussi pour protéger ses valeurs fondamentales de l’érosion. Le journalisme est une profession qui a des normes, qui requiert une formation, qui a des éthiques, et ce n’est pas un acquis qu’on obtient en criant devant une caméra ou en rassemblant des suiveurs à travers des scandales.
D’un autre côté, il ne faut pas ignorer qu’au milieu de ce vacarme se trouvent des journalistes professionnels intérimaires, des correspondants agréés et intègres, qui travaillent avec conscience et protègent ce qui reste de la dignité de la profession. Ceux-ci représentent la véritable façade du journalisme et prouvent jour après jour que la vraie force ne réside pas dans le nombre de vues, mais dans l’intégrité, la confiance et la crédibilité.
Le silence face à ce dérapage permet au mal de s’étendre. Une profession qui tolère le désordre au sein de ses rangs perd sa légitimité à critiquer l’autoritarisme extérieur. La presse mérite d’être défendue, non exploitée… et élevée, non entraînée vers le spectacle et l’extorsion.



