La diplomatie royale, vingt-six ans de constance et de majesté stratégique

La diplomatie royale, vingt-six ans de constance et de majesté stratégique

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NAJIBA JALAL/

Le Maroc vient de franchir l’un des moments les plus solennels de son histoire diplomatique contemporaine. En adoptant sa nouvelle résolution sur le Sahara, le Conseil de sécurité des Nations unies a confirmé, par onze voix favorables sur quinze, la prééminence du plan marocain d’autonomie comme unique voie réaliste, crédible et durable vers un règlement politique du différend régional.
Ce vote, qui a vu onze États – dont les États-Unis, la France, le Royaume-Uni, le Japon, la Corée du Sud et Malte – soutenir sans réserve la proposition marocaine, consacre la vision diplomatique portée depuis vingt-six ans par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Trois pays seulement se sont abstenus, exprimant ainsi leur neutralité de principe sans remettre en cause la légitimité ni la pertinence de la voie marocaine. L’abstention, dans le langage des Nations unies, n’est pas un refus : c’est une suspension du jugement, une reconnaissance tacite du poids du consensus. En d’autres termes, aucune voix ne s’est élevée contre le Maroc.

Le socle royal d’une diplomatie d’État

Depuis son accession au Trône en 1999, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a refondé la politique étrangère du Royaume autour d’une doctrine claire : la souveraineté nationale est inaliénable, mais la paix se construit par la raison et le respect du droit international.
Les premières années du règne posent les jalons d’une diplomatie de crédibilité et de constance. Le Maroc collabore avec les Nations unies, mais refuse, dès 2003, le plan Baker II, qui menaçait l’intégrité territoriale. Ce refus, loin d’être un repli, marque la naissance du réalisme marocain : un principe selon lequel toute solution doit concilier légitimité, stabilité et faisabilité.

L’acte fondateur de 2007 : l’autonomie comme horizon

En 2007, le Maroc franchit un cap décisif en présentant à l’ONU son initiative pour la négociation d’un statut d’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine. Fruit d’un large processus de concertation nationale, cette proposition érige la régionalisation avancée en pilier de la réconciliation territoriale.
Le Conseil de sécurité salue immédiatement cette offre qualifiée de « sérieuse et crédible », introduisant pour la première fois dans son vocabulaire diplomatique la notion de réalisme comme critère d’évaluation du processus politique. C’est cette même logique que le vote du Conseil vient, dix-huit ans plus tard, consacrer définitivement.

De la réforme interne à la légitimité externe

Les années 2008 à 2011 voient le Maroc défendre sa position dans les négociations de Manhasset tout en consolidant, sur le plan interne, les fondements d’une gouvernance moderne. La Constitution de 2011, en introduisant la régionalisation avancée, donne un ancrage institutionnel et constitutionnel à la vision portée à l’ONU. La diplomatie marocaine devient alors le prolongement naturel d’une réforme intérieure profonde : un dialogue permanent entre l’unité nationale et la diversité territoriale.

Le retour africain, symbole de puissance tranquille

À partir de 2012, la diplomatie royale s’élève à l’échelle continentale. Le Maroc, sous l’impulsion du Souverain, déploie une stratégie africaine faite de partenariats économiques, de dialogue spirituel et de solidarité politique. Le retour du Royaume au sein de l’Union africaine en 2017, après trente-trois ans d’absence, consacre cette reconquête pacifique. Le Maroc ne revient pas pour revendiquer, mais pour convaincre. Il ne cherche pas à diviser, mais à rallier par l’exemple et par le résultat.

La reconnaissance par l’action

Le terrain devient, dès 2017, l’allié le plus éloquent du Maroc. L’ouverture de consulats dans les villes de Laâyoune et Dakhla par plus de quarante pays illustre la consolidation internationale du choix marocain.
En novembre 2020, la réouverture pacifique du passage d’El Guerguerat face à une tentative de blocus du Polisario démontre la maîtrise et la légitimité du Royaume. Un mois plus tard, la reconnaissance historique par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara transforme définitivement la donne. Pour la première fois, une grande puissance inscrit noir sur blanc ce que le terrain prouve déjà : le Sahara est marocain, politiquement, juridiquement et économiquement.

L’ère de la diplomatie intégrée

Entre 2021 et 2023, la diplomatie marocaine s’impose comme un modèle de cohérence et d’efficacité. L’autonomie cesse d’être une simple proposition politique pour devenir un projet territorial vivant, incarné par des chantiers de grande envergure : le Port Atlantique de Dakhla, les zones industrielles, les corridors logistiques et les programmes d’hydrogène vert.
Sur le plan international, l’Espagne et l’Allemagne, après une réévaluation de leur doctrine, expriment leur appui explicite au plan marocain, rejoignant la majorité des membres du Conseil de sécurité. L’Europe, l’Afrique et le monde arabe se retrouvent unis autour du même constat : la solution marocaine est la seule viable.

Le vote de 2025 : la consécration du réalisme marocain

Le scrutin du Conseil de sécurité, avec onze voix favorables et trois abstentions, n’est pas un simple acte diplomatique ; c’est un verdict politique.
Les onze pays votants reconnaissent le Maroc non seulement comme partie prenante, mais comme puissance de stabilité régionale. Quant aux trois abstentions, elles ne traduisent pas une opposition mais une neutralité prudente. Dans le langage onusien, l’abstention équivaut à une absence d’objection. En d’autres termes, le monde entier, à travers cette résolution, accepte le principe d’un Sahara marocain administré dans le cadre d’une autonomie avancée.
Cette abstention, loin d’affaiblir le Maroc, confirme au contraire la solidité du consensus : aucune voix ne s’est levée contre Rabat. Dans la diplomatie multilatérale, l’absence d’opposition vaut reconnaissance tacite.

Un quart de siècle de constance et de grandeur

En vingt-six ans, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a transformé un dossier d’hostilité en un espace de légitimité, un champ de tension en un modèle de diplomatie moderne.
Le Maroc n’a jamais cédé à la tentation du triomphalisme, préférant à la victoire bruyante la continuité silencieuse. Sa diplomatie repose sur la raison, le temps et la certitude que la vérité finit toujours par s’imposer.
Aujourd’hui, la quasi-totalité des grandes puissances reconnaît que le plan marocain d’autonomie n’est pas une option parmi d’autres, mais la seule voie juste, durable et crédible.

Le vote du Conseil de sécurité vient ainsi sceller un quart de siècle d’intelligence politique et de grandeur d’État. Il ne clôt pas un chapitre : il en ouvre un nouveau, celui d’un Maroc pleinement reconnu dans ses droits, stable dans sa souveraineté et respecté dans sa parole.

La diplomatie royale n’a pas seulement défendu un territoire. Elle a donné au monde une leçon de mesure, de constance et de dignité.

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