L’abattage de la vertu dans la maison de la presse – Quand le premier président du Conseil national est évincé dans le silence des institutions

L’abattage de la vertu dans la maison de la presse – Quand le premier président du Conseil national est évincé dans le silence des institutions

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Younes Majahd, président de la commission provisoire en charge des affaires du secteur de la presse et de l’édition, a annoncé son retrait de la Syndicat national de la presse marocaine, suite à la décision de suspendre son adhésion lors d’une réunion du conseil national fédéral qui s’est tenue le 1er novembre.

Majahd a affirmé que cette réunion « a contourné les statuts de la syndicat » en ce qui concerne les délais de convocation et l’ordre du jour, soulignant que « l’absence de comités d’éthique et de contrôle financier après un an et demi de mandat reflète un manque de transparence et de respect des règles organisationnelles ».

Il a précisé que la décision prise à son encontre est « illégale », car le pouvoir de suspendre une adhésion revient au bureau exécutif ou aux bureaux des branches après avoir informé l’intéressé et lui avoir permis de se défendre. En outre, il a ajouté que le président du syndicat « a renié les engagements de gouvernance et de contrôle financier qui avaient été convenus avant son élection ».

Cette décision, prise hier soir lors d’une réunion du conseil national du syndicat, a également abouti à la mise en cause de la journaliste Hanane Rahab et de plusieurs autres journalistes devant la commission d’éthique. Si l’appel à l’ordre de Hanane Rahab semble justifié compte tenu des nombreuses plaintes exprimées par ses collègues dans le secteur, l’insertion du nom de Younes Majahd dans cette décision est considérée par beaucoup comme un acte manquant de droiture, difficile à justifier sur le plan éthique ou professionnel.

Il est d’autant plus surprenant qu’aucun autre organisme professionnel du secteur n’ait interagi ou pris position à ce sujet, bien que cela concerne le premier président de l’histoire du Conseil national de la presse, un homme qui a contribué à fonder la première expérience de régulation autonome de la profession au Maroc, avant de se retrouver aujourd’hui pris pour cible dans des règlements de comptes politiques et d’intérêts étroits.

Dans les coulisses, des sources professionnelles évoquent que la décision de suspendre Majahd émane du Parti de l’Union socialiste des forces populaires, dont l’influence demeure manifeste au sein du syndicat, et que le groupe à l’origine de cette initiative est le même qui a bouleversé l’équilibre de la profession, transformant la presse marocaine en une exception mondiale où le journaliste devient un opposant à l’État, plutôt qu’un défenseur de la vérité et un serviteur de l’intérêt général.

Ce groupe, qui a bénéficié d’avantages indus pendant des années, s’est concerté avec d’autres organismes professionnels pour couvrir des pratiques contraires à l’éthique, fermant les yeux sur des entreprises de presse entières pratiquant l’extorsion sous le prétexte de la liberté d’expression. Ainsi, le secteur s’est mué en un champ de règlements de comptes personnels, au lieu d’être un foyer réunissant les journalistes et un espace de dignité professionnelle.

La mise à l’écart de Majahd aujourd’hui, de cette manière publique, n’est que le reflet d’une dégradation des valeurs au sein de la profession, ainsi qu’une atteinte flagrante à l’éthique et à la noblesse des Marocains, surtout lorsqu’un symbole de l’autogestion est sacrifié sous le silence général.

Dans ce contexte, la crise au sein du corps journalistique s’accentue, où les enjeux politiques se mêlent à des ambitions personnelles, et les voix authentiques qui défendent la profession dans sa dimension nationale font défaut. La presse est souvent présente, dans de nombreuses affaires nationales, uniquement lorsque la question des postes et des gains est en jeu, et non lorsqu’il s’agit de défendre le pays et la profession simultanément.

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