Hicham Jerando – le procès d’un outrageur récidiviste

Hicham Jerando – le procès d’un outrageur récidiviste

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Le couperet est tombé . La Cour supérieure du Québec, sous la présidence du juge Sylvain Lussier, a rendu un jugement cinglant contre Hicham Jerando, youtubeur marocain bien connu des réseaux sociaux, déclaré coupable d’outrage au tribunal pour la énième fois. Une condamnation aussi attendue qu’inévitable, tant les faits parlent d’eux-mêmes.

L’affaire, qui oppose Jerando à l’avocat casablancais Adil Said Lamtiri, n’est pas un simple différend d’opinion ni une banale polémique en ligne. C’est une affaire de droit, de justice, de limites posées à une expression qui, sous prétexte de liberté, verse avec méthode dans l’attaque personnelle, la diffamation et le mépris des institutions judiciaires.

Une désobéissance méthodique

Tout commence par une ordonnance claire, rendue par le juge Granosik puis prolongée par deux autres magistrats, interdisant à Jerando de publier des propos diffamatoires visant Me Lamtiri. L’injonction était précise : plus de vidéos, plus de publications associant le nom du plaignant à des termes tels que mafia, corruption, blanchiment d’argent, bande organisée ou pots-de-vin. En somme, un périmètre judiciaire classique pour éviter l’acharnement numérique.

Mais Jerando ne l’a pas entendu ainsi. Ou plutôt, il a choisi délibérément de jouer avec le feu judiciaire, publiant à la veille du procès au fond — les 13, 14, 15 et 16 février 2025 — dix nouvelles vidéos, diffusées à grande échelle sur TikTok et YouTube. Une récidive préméditée, orchestrée à la veille de sa comparution. Un bras d’honneur numérique à la justice canadienne.

Un procès tenu… en son absence

Le procès s’est tenu le 17 février 2025 devant le juge Horia Bundaru. Et comme souvent dans cette affaire, le principal intéressé brille par son absence. Prévenu, convoqué, informé : Jerando n’a pas daigné comparaître. Un mépris de plus, qui n’a pas empêché la machine judiciaire d’avancer.

Les vidéos incriminées, traduites de l’arabe par une interprète agréée, associent le plaignant à un florilège d’insultes : mafia, voleur, corrompu, manigances, blanchiment d’argent, le tout vu par des dizaines de milliers de personnes. La vidéo numéro 9 à elle seule cumule près de 90 000 vues.

Le juge Lussier, en homme de droit chevronné, ne s’est pas contenté de constater la violation. Il a tracé un lien clair entre la récidive, la stratégie délibérée de publication, et le refus persistant d’obtempérer aux ordres de justice. Et surtout, il a rappelé une vérité essentielle : nul n’est au-dessus de la loi, même pas derrière un écran.

Une sanction exemplaire

Le jugement ne fait pas dans la demi-mesure. Pour chacun des dix chefs d’infraction, Jerando écope de :

* 1 000 dollars d’amende, soit 10 000 dollars au total
* 10 heures de travaux d’utilité sociale, soit 100 heures
* 30 jours d’emprisonnement ferme, avec mandat de dépôt dès le 1er août 2025

Mieux encore : le tribunal prévoit que si l’intéressé ne retire pas les vidéos, l’emprisonnement pourra être prolongé. Une incarcération dissuasive, mais aussi coercitive, comme le permet l’article 62 du Code de procédure civile du Québec.

Et pour ceux qui crieraient à la censure ? Le juge a été limpide : la liberté d’expression s’arrête là où commence l’atteinte à la dignité humaine et au respect des décisions de justice. Il ne s’agit pas ici d’un blogueur victime d’un État répressif, mais d’un multirécidiviste des plateformes, déjà condamné dans des dossiers similaires — notamment celui de Hanine El Kadi.

Dans cette autre affaire, le tribunal a jugé :
« En raison de son comportement persistant de mépris envers les ordonnances de la cour, de sa mauvaise foi manifeste, de ses propos diffamatoires tenus à l’encontre de la demanderesse et du processus judiciaire, le tribunal déclare M. Hicham Jerando coupable d’outrage au tribunal. »
Le jugement l’a condamné à 30 jours de détention ferme, 150 heures de travaux compensatoires et 10 000 dollars d’amende.

Une leçon pour les influenceurs de l’outrance

Ce jugement pourrait bien faire date. Il trace une frontière claire entre le droit à la critique et la diffamation ciblée, entre l’engagement public et la délinquance numérique. À l’heure où certains influenceurs autoproclamés se parent du manteau de la dissidence pour mieux dissimuler leurs stratégies d’intimidation, le verdict de Montréal agit comme un rappel salutaire : le numérique n’est pas une zone de non-droit.

Jerando, qui pensait pouvoir défier les tribunaux à coups de vues, de likes et de vidéos virales, se heurte désormais à la force de la loi, qui ne se like pas, mais s’applique.

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