Une cour brésilienne a rendu un jugement historique contre la filiale de Volkswagen au Brésil, la condamnant à verser plus de 30 millions de dollars en indemnités, après l’avoir reconnue coupable d’imposer des conditions de travail assimilables à de l’esclavage à des centaines de travailleurs dans une ferme de l’Amazonie durant les années 1970 et 1980.
La cour a tenu l’entreprise responsable des violations survenues dans les exploitations qu’elle a utilisées dans le cadre d’un vaste projet agricole industriel financé par le régime militaire de l’époque. Le parquet a précisé que les travailleurs étaient retenus dans un système de « servitude pour dettes », sous surveillance armée et dans des conditions de travail indignes.
Ce jugement intervient après l’échec de longues négociations de règlement entre Volkswagen et le procureur du travail, ce dernier ayant estimé que l’entreprise n’avait montré aucune volonté de parvenir à un accord amiable, incitant ainsi la justice à lui imposer une amende de 165 millions de réais brésiliens (environ 30,44 millions de dollars).
L’affaire remonte à la période de la dictature militaire (1964-1985), lorsqu’un programme de développement de l’Amazonie a été lancé, offrant des incitations fiscales aux entreprises investissant dans la région. À cette époque, Volkswagen est entrée dans le secteur de l’élevage et de l’exploitation forestière, avec le soutien direct de l’État. Cependant, derrière le vernis du développement, les conditions de travail étaient extrêmement dures, incluant la confiscation de documents personnels, des restrictions à la liberté de mouvement, l’imposition de dettes fictives, et même des pratiques s’apparentant à de la contrainte physique, ce qui entre légalement dans la catégorie du travail forcé ou « travail d’esclaves ».
Pour sa part, l’entreprise a annoncé son intention de faire appel du jugement, affirmant son attachement aux « principes de la dignité humaine » et son « strict respect des lois du travail ». Cependant, la cour n’a pas seulement imposé une amende financière, elle a également contraint Volkswagen à reconnaître publiquement sa responsabilité et à présenter des excuses officielles aux victimes, en plus d’adopter une politique de « tolérance zéro » à l’égard de toute forme de travail forcé dans ses activités présentes et futures.