Le Maroc se positionne comme un acteur flexible face au mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM) que l’Union européenne prévoit de mettre en œuvre intégralement à partir de janvier 2026. Grâce à une politique proactive dans le domaine de la transition énergétique, le Maroc figure parmi les pays les moins exposés de l’Afrique du Nord à ce dispositif, selon une étude de la fondation RES4Africa.
Ce mécanisme européen, qui cible les produits à forte émission tels que l’acier, le ciment, l’aluminium, les engrais, et, prochainement, l’électricité, constitue à la fois un défi et une opportunité pour le Maroc, en tant que partenaire commercial clé de l’Union européenne.
En prévision de cette échéance, le royaume s’est engagé depuis tôt dans des projets d’énergies renouvelables, avec l’objectif d’atteindre plus de 50 % de sa capacité électrique via des sources renouvelables d’ici 2030, en investissant dans le solaire, l’éolien et l’hydrogène vert. De plus, une taxe carbone nationale entrera en vigueur en 2026 dans le cadre d’un mécanisme progressif s’étalant sur dix ans, avec l’Institut marocain de normalisation (Imanor) chargé de surveiller et d’homologuer l’inventaire carbone des entreprises.
Ces initiatives offrent au Maroc un avantage compétitif, le plaçant dans une dynamique positive, comme l’indique l’indice d’exposition au CBAM dont la valeur est de -0,0030, signifiant que ses exportations ont une empreinte carbone inférieure à la moyenne européenne, notamment dans le secteur du ciment (-0,0579). En outre, seulement 10 % des exportations de 2023 sont concernées par ce mécanisme, et la connexion du réseau électrique marocain avec celui de l’Europe ouvre de nouvelles perspectives pour stimuler la croissance verte.
Le programme « Développement – Croissance verte », doté d’un budget d’un milliard de dirhams, soutient les petites et moyennes entreprises dans l’adoption de technologies à faible émission de carbone. La chercheuse Kamélia Mahjoubi, auteure de l’analyse pour RES4Africa, estime que ces initiatives renforcent la compétitivité du Maroc et affinent son image en tant que partenaire fiable pour l’Union européenne.
Ainsi, le Maroc dépasse la simple conformité aux normes européennes et affirme sa position en tant que pôle régional en matière d’énergie et d’industrie, capable de transformer les défis environnementaux en leviers de développement durable.