L’escalade à la mosquée Al-Aqsa : Ben Gvir embrase Jérusalem et la Cisjordanie se transforme en zone militarisée ouverte.

L’escalade à la mosquée Al-Aqsa : Ben Gvir embrase Jérusalem et la Cisjordanie se transforme en zone militarisée ouverte.

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Abdelilah Mchenoun : Journalist résidant en Italie

Dans une scène qui reflète une intensification sur le terrain et un provocateur politique intentionnel, le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a renouvelé son incursion dans les cours de la mosquée Al-Aqsa mardi matin, accompagné de groupes de colons qui ont effectué des rituels judaïques en plein jour, sous une protection renforcée des forces d’occupation.

Cette incursion, la deuxième du genre en une semaine, coïncidait avec ce que l’on appelle la « Fête de la joie de la Torah », l’une des occasions religieuses juives qui est devenue, ces dernières années, un prétexte pour envahir le sanctuaire al-Qods. Ce comportement, motivé par l’idéologie de l’extrême droite religieuse nationaliste, n’est plus une simple démarche symbolique, mais fait désormais partie d’une stratégie officielle pour imposer une nouvelle réalité à la mosquée Al-Aqsa, et établir ce qui est appelé « le partage temporel et spatial ».

Ben Gvir a également participé la semaine dernière à une incursion similaire lors de ce que l’on appelle la Fête des Tabernacles, aux côtés de ministres et de membres de la Knesset, où des sources israéliennes ont documenté l’entrée de plus de 7 000 colons dans les cours d’Al-Aqsa en seulement cinq jours, ce qui a été qualifié par des observateurs de « redynamisation coordonnée » impliquant différentes institutions de l’État hébreu, tant sur le plan politique que sécuritaire.

En parallèle à cette escalade à Jérusalem, plusieurs régions de Cisjordanie ont connu une série d’incursions nocturnes, accompagnées d’un usage intensif de balles réelles et de gaz lacrymogène, transformant certaines maisons de citoyens palestiniens en casernes militaires et en centres de surveillance.

À Hébron, au sud de la Cisjordanie, les forces d’occupation ont fait irruption dans les localités d’Idhna et d’Al-Koum, forçant des familles à évacuer leurs logements, les convertissant en sites militaires fermés, une scène qui rappelle les pires pratiques de l’occupation lors des première et seconde intifadas.

À Ramallah, la situation n’était pas moins tendue, car les troupes ont envahi des villages et des localités à l’ouest de la ville, menant des opérations de perquisitions, accompagnées d’interrogatoires aléatoires des habitants, tandis que la localité de Beitin a subi une attaque de colons qui ont incendié un véhicule palestinien et agressé des biens sans intervention de l’armée israélienne.

À Naplouse, les incursions se sont concentrées dans les camps de réfugiés à l’est de la ville, où des véhicules de l’occupation ont été vus parcourant les rues, semblant exhiber une démonstration de force au cœur de zones résidentielles densément peuplées, sans blessures directes signalées, mais dans un climat de terreur et d’effroi.

À Tubas et dans les vallées nord, des scènes de fouilles indiscriminées et de déploiement militaire se sont répétées, tandis que des groupes de droits humains ont documenté l’entrée de groupes de colons dans Khirbet Samra, escortés par les forces d’occupation.

La lecture politique de ces mouvements indique une tentative délibérée d’imposer une réalité sur le terrain pour servir des objectifs électoraux internes en Israël, tout en testant en même temps la réaction palestinienne et arabe, surtout dans un contexte où la région est occupée par de multiples crises, de Gaza au Liban, en passant par les crises économiques et sociales.

Face à cette intensification organisée, les avertissements se multiplient indiquant que ce qui se déroule n’est pas simplement des mouvements de sécurité isolés, mais s’inscrit dans un projet plus vaste de fragmentation du contrôle palestinien, et d’encerclement de toute résistance potentielle, que ce soit dans les camps ou dans les villes principales.

La mosquée Al-Aqsa demeure un symbole d’un conflit aux multiples niveaux: religieux, politique et national. Tandis que les incursions se succèdent de la part des ministres israéliens de droite, les avertissements se multiplient également sur le fait que ces provocations répétées pourraient déclencher un nouveau face-à-face difficile à contenir.

Jérusalem ne s’endort pas sur les incursions, la Cisjordanie ne se calme pas sous l’occupation militaire, et la Palestine, malgré la douleur, continue d’écrire les détails de son quotidien au rythme de la résistance et de la ténacité.

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