Dans le cadre du sujet « Comment les technologies numériques et l’intelligence artificielle révolutionnent l’agriculture et la gestion de l’eau au Maroc », la première session de la conférence AgriWater 4.0 a rassemblé chercheurs, responsables institutionnels et entrepreneurs autour d’une question centrale : comment transformer les données et les technologies numériques en outils de souveraineté pour l’agriculture marocaine.
Dès le début de la session, les participants ont insisté sur la nécessité d’innover localement et de développer des solutions technologiques adaptées au contexte marocain. Mehdi Abou Mounadlel, fondateur de la société DeepLeaf et expert en intelligence artificielle lié au UNDP AI Hub, a souligné que « de nombreuses recherches continuent d’utiliser des algorithmes importés, au lieu de créer des modèles conçus pour notre réalité agricole ».
Hassan Diyan, directeur régional de la Direction générale de la météorologie, a présenté la vision 2035 de son institution, axée sur la fourniture de produits et services innovants en réponse au changement climatique et contribuant au développement économique. Il a mis en avant l’application de l’intelligence artificielle dans les prévisions climatiques et agricoles, en précisant que la réussite de cela dépend de la partage des données et du renforcement de l’expertise nationale. Le « réseau climatique national » est un pilier majeur de cette démarche, malgré les défis liés à la gestion de grandes quantités de données.
La session a également abordé l’irrigation prédictive qui combine des données climatiques, agricoles et numériques pour estimer les besoins en eau et améliorer la gestion des cultures. Cette approche aide à optimiser l’utilisation des ressources, à réduire les risques agricoles et à diminuer la pression sur les eaux souterraines, tout en augmentant la productivité.
Moulay Idriss Salhi, vice-président de la Chambre d’agriculture de Souss-Massa, a souligné que la durabilité agricole repose également sur la coopération locale. Depuis le début du millénaire, les agriculteurs de la région ont formé des associations pour gérer collectivement l’irrigation et moderniser les systèmes d’eau, facilitant ainsi le partage des ressources et la diffusion de techniques d’économie d’eau.
Elias Skhal, directeur exécutif de la société Arwa Solutions, a présenté un exemple des potentialités technologiques locales. L’entreprise développe des capteurs connectés et des logiciels agricoles intelligents qui aident les agriculteurs à réduire leur consommation d’eau de 50 % tout en accroissant leur productivité. Il a affirmé : « La technologie n’est pas un luxe, mais une opportunité pour produire mieux, à moindres coûts et en respectant les ressources ».
La session s’est clôturée sur la nécessité de renforcer la collaboration entre l’État, le secteur privé et la recherche scientifique pour généraliser ces solutions à grande échelle. Les participants ont également souligné l’importance de politiques publiques incitatives pour faciliter l’accès des agriculteurs à la technologie.
Enfin, il a été rappelé que l’eau appartient à tous : « L’eau n’appartient à personne, elle appartient à tous. La préserver garantit l’avenir des générations futures ». Cette première session d’AgriWater 4.0 a montré que la souveraineté en matière d’eau et la souveraineté numérique avancent de concert pour servir une agriculture marocaine durable, intelligente et résiliente.






